Le 7 mars, les navires cherchant à s’engager sur le canal de Kiel ont trouvé porte close: trois des quatre écluses ouvrant l’accès à cet axe fluvial majeur sont en panne. Seule la plus petite écluse est en état de marche, mais elle ne permet pas le passage des navires dépassant 125 m de long. Résultat, un tiers des unités sont contraintes de rebrousser chemin. Les voilà désormais obligées d’effectuer un long détour pour rejoindre la mer Baltique.
Car en traversant la péninsule du Jutland, à l’extrémité nord de l’Allemagne, le canal de Kiel évite aux navires de contourner le Danemark, soit un raccourci de 250 miles nautiques. Un chemin rapide qui explique le succès de cette voie d’eau, devenue la plus fréquentée au monde. L’an dernier, 35 000 navires et 104 Mt de marchandises y ont transité. Et le rythme devrait encore s’accélérer au cours des prochaines années alors que les échanges entre l’Europe et la Russie sont en plein essor.
Le coup est dur pour les armateurs: le trajet au large du Danemark engendre un surcoût de 70 000 € en moyenne. Mais c’est aussi un handicap pour le port de Hambourg, qui a développé une forte activité de feedering avec la Russie et les pays scandinaves. Actuellement, un tiers des conteneurs débarqués sur les quais du port hanséatique poursuivent leur chemin vers la Baltique via le canal de Kiel. « Sans ce canal, Hambourg perd de son attractivité. Les armateurs préféreront opérer des liaisons directes entre l’Asie et la mer Baltique, plutôt que de marquer un arrêt chez nous », s’alarme Hans Heinrich Driftmann, le président de la chambre de commerce hambourgeoise.
Après huit jours de fermeture, l’une des écluses en panne a finalement pu être remise en service. Mais sur le fond, rien n’est réglé. Ces déboires illustrent l’extrême vétusté de cette infrastructure, sous-financée depuis des années et qui attend toujours les travaux de modernisation promis par Berlin. Ainsi, faute d’argent, la cinquième écluse destinée à fluidifier le trafic ne sera pas construite avant 2020, c’est-à-dire trois ans plus tard que prévu.