« Au cours des dernières années, l’insuffisance de l’offre a secoué le marché du pétrole, provoqué un envol des prix, avec un pic en 2008, et ravivé le débat sur le rôle de la spéculation sur la volatilité », indique l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans la présentation de son rapport de moyen terme à l’horizon 2017, publié le 12 octobre. Parmi les derniers événements majeurs ayant freiné l’offre mondiale d’or noir, l’AIE évoque la guerre civile libyenne en 2011, les sanctions internationales renforcées contre l’Iran, les arrêts imprévus de production de la part des pays non adhérents à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Bonnes nouvelles du côté de la production
Du côté de la production de pétrole, il y a aussi des bonnes nouvelles, indique l’AIE. Parmi elles, il y a le dynamisme retrouvé des nations de l’OPEP et, plus particulièrement, les efforts de l’Arabie Saoudite qui a porté sa capacité de production à des niveaux jamais atteints depuis les 30 dernières années pour compenser celle de pays en perte de vitesse. D’ici 2017, l’AIE estime que la capacité de production excédentaire des membres de l’OPEP va renouer avec les niveaux d’antan et quitter ceux d’aujourd’hui analysés comme dangereusement faibles par plusieurs experts du secteur. Selon l’AIE, la marge de production des adhérents de l’OPEP pourrait revenir à plus de 5 millions de barils par jour (Mbpj) en 2017 au lieu de 3,65 Mbpj en 2012. L’augmentation de l’offre mondiale de pétrole devrait être largement portée par l’expansion des productions non conventionnelles, par exemple les sables bitumineux ou les exploitations en eaux profondes, estiment les auteurs du rapport de l’AIE. Ces derniers donnent en exemple les États-Unis où la croissance de l’extraction de pétrole non conventionnelle pourrait représenter près de 40 % de l’essor de la production mondiale de pétrole en 2017. L’Amérique produit actuellement un peu moins de 9 Mbpj et pourrait atteindre 11,4 Mbpj en 2017. La production mondiale de pétrole devrait donc renouer d’ici 2017 avec des perspectives largement plus favorables qu’au cours des années précédentes et favoriser un retour à un meilleur équilibre entre l’offre et la demande.
Une consommation en recul à cause de la crise
Ce rééquilibrage n’est toutefois pas seulement lié à un redressement des niveaux de production mais aussi à une demande de pétrole en diminution au niveau internationale en raison de la crise économique qui perdure. Dans son rapport, l’AIE revoit en effet à la baisse ses prévisions de consommation de pétrole. Jusqu’en 2016, la demande mondiale pourrait diminuer d’un demi-million de barils par jour à cause du manque d’élan de la reprise économique mondiale. La demande de pétrole ne progresserait que de 1,2 % par an au lieu de 1,3 % selon les prévisions initiales de l’AIE, soit 90 Mbpj en 2012 et 95 Mbpj en 2017. La consommation de pétrole va continuer à diminuer dans les pays de l’OCDE, notamment ceux de la zone euro, souvent engagés dans des politiques de diversification énergétique. Selon l’AIE, ces dernières devraient se multiplier et donner de meilleurs résultats que prévu. Surtout, l’AIE assure que même les pays en voie de développement ou nouvellement industrialisés vont réduire leur consommation d’or noir. Les économies de Chine et l’Inde, principaux moteurs de la demande pétrolière mondiale, donnent eux aussi des signes de ralentissement. Une production de pétrole en hausse et une consommation en retrait n’amène toutefois l’AIE à conclure à une chute des cours du baril de Brent d’ici 2017. Il pourrait y avoir un affaiblissement des prix mais ces derniers devraient demeurer dans une fourchette élevée entre 90 et 100 $ le baril en 2017 contre 110 $ en 2012.
