Le secteur énergétique est déjà la pierre angulaire de l’économie irakienne avec des exportations de pétrole représentant 95 % des recettes publiques et une part de plus de 70 % du PIB en 2011, précise le rapport de l’AIE sur les « perspectives énergétiques de l’Irak ». Ce pays est le troisième producteur mondial de brut avec 3 millions de barils par jour (Mbpj). Il occupe le cinquième rang au classement mondial des réserves prouvées de brut et le treizième pour celles du gaz. « Après 30 ans d’instabilité ponctués de conflits, le développement réussi du potentiel de l’Irak en matière d’hydrocarbures, ainsi qu’une gestion efficace des revenus, peuvent alimenter l’essor économique et social du pays », assure l’AIE.
La relance, un enjeu de taille
Un échec de la relance du secteur des hydrocarbures, s’il freinerait l’expansion du pays, pourrait aussi conduire les marchés énergétiques mondiaux sur une voie incertaine: élévation des prix jusqu’à 140 $ le baril en 2035 et volatilité accrue, estime l’AIE. L’enjeu est donc de taille tout comme les obstacles pour y parvenir. Les freins sont d’ordre politique, légal, réglementaire, financier, logistique, sans oublier le manque de sécurité et de main-d’œuvre qualifiée. L’ambition des responsables irakiens est d’augmenter la production pétrolière et gazière jusqu’à 15 Mbpj. Les scénarios de l’AIE prévoient plutôt une production de 6,1 Mbpj d’ici 2020 et de 8,3 Mbpj en 2035. La principale augmentation de production serait fournie par les gisements géants situés dans le sud du pays, à proximité de Bassorah (voir carte). Les gisements du Nord devraient aussi y contribuer, une fois résolu les différends relatifs à la gouvernance du secteur des hydrocarbures entre les autorités locales du Kurdistan et celles de Bagdad. Pour élever les niveaux de production, « il sera nécessaire de développer rapidement et de manière coordonnée la chaîne d’approvisionnement énergétique, de disposer d’installations de forage, de stockage et de transport de pétrole d’un niveau suffisant », explique le rapport.
Trouver une alternative à la route maritime du Sud
Les nouvelles infrastructures devront être réparties dans l’ensemble du pays « afin d’éviter de se reposer excessivement sur la route maritime du Sud ». Cette dernière est non seulement reliée aux champs de production de la région Sud mais aussi à ceux du Centre et du Nord du pays par le « pipeline stratégique ». Elle est donc utilisée pour expédier le brut du pays partout dans le monde. Les solutions d’exportation par pipeline sont en effet stoppées ou en grande partie hors d’usage. La route maritime du Sud permet à l’Irak d’expédier la quasi-totalité de ses exportations, soit près de 2,4 Mbpj en 2011. Et c’est une performance car les installations de Fao ne sont pas en bon état. Les retards ou les interruptions dans le chargement des navires sont fréquents, en lien avec des conditions météorologiques difficiles ou des arrêts de production. L’AIE note que « la situation s’améliore depuis 2011 à Fao », grâce à des projets d’infrastructures en cours de réalisation. La capacité d’exportation nominale a été portée à près de 3,4 Mbpj au début de 2012 avec la mise en service de nouvelles installations de chargement du brut en mer. Celles-ci ne sont utilisées qu’au quart de leur capacité nominale « en raison de goulets d’étranglement ». Les exportations de brut irakien continuent donc majoritairement à passer par les terminaux offshore existants: Al-Basrah Oil Terminal (ABOT) et Khor al-Amaya Oil Terminal (KAAOT). L’essor du secteur énergétique irakien est ainsi largement lié à la mise à niveau des infrastructures pour atteindre les objectifs de production et d’exportation envisagés par le pays ou l’AIE. Les besoins en investissements apparaissent élevés et les opportunités nombreuses pour les compagnies internationales. Toutefois, l’AIE rappelle que « la reconstruction et le rétablissement économique de l’Irak passent aussi par un renforcement des institutions, la mise en place de politiques saines, afin d’assurer une gestion efficace et transparente des revenus et des dépenses et de mettre les secteurs économiques non pétroliers émergents sur la voie de la croissance ».