« L’Iran est prêt à accorder une assurance totale pour le transport de son pétrole […] et les engagements des assureurs iraniens ne sont en rien différents de ceux de leurs homologues occidentaux », a déclaré Mohamed Ali Khatibi, représentant de l’Iran auprès de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), fin juillet. Selon l’AFP, Mohamed Ali Khatibi a précisé que les acheteurs de pétrole iranien ont désormais deux possibilités: soit utiliser leurs propres navires, soit ceux de la National Iranian Tanker Company (NITC). « Les chargements qui n’obtiendront pas d’assurance des autres pays seront assurés par l’Iran », a continué Mohamed Ali Khatibi. Le pays serait donc prêt à assurer tout chargement de brut iranien, même transporté par des navires d’autres nations. Pour mettre en œuvre cette décision, les dirigeants de la République islamique ont accordé une ligne de crédit de plusieurs milliards de dollars à une compagnie d’assurance nationale. Les deux principaux clients de l’Iran, la Chine et l’Inde, utilisent déjà les navires de la NITC pour leurs importations. La Corée du Sud envisagerait d’opter pour la même solution. Le 20 juin, le Japon, autre client important de Téhéran, a adopté une loi permettant à l’État de se substituer aux assureurs européens pour garantir, à hauteur de 7,6 Md$, les navires nippons transportant du brut iranien. La décision de Téhéran a pour principal objectif de tenter de contourner les effets de l’embargo pétrolier de l’Union européenne (UE) sur le brut iranien entré en vigueur le 1er juillet. L’embargo de l’UE s’accompagne d’une mesure interdisant l’assurance de tous les navires transportant du brut iranien par les P&I Club européens. Cette sanction freinerait de plus en plus les exportations iraniennes, les P&I Club européens assurant plus de 90 % de la flotte mondiale de navires-citernes, y compris ceux de la NITC.
Exporter plus de produits raffinés
La production de brut iranien serait en net recul, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Celle-ci a évalué le niveau de production à 3,2 Mbpj en juin 2012, à comparer aux 3,7 Mbpj en mai 2011 et aux 4,1 Mbpj en janvier 2008. Les exportations se situeraient entre 1,3 Mbpj et 1,5 Mbpj en juillet 2012 au lieu de 2,1 Mbpj fin 2011. L’AFP rapporte que Mohamed Ali Khatibi a démenti ces estimations. Toutefois, le président Mahmoud Ahmadinejad a déclaré, fin juillet, que l’Iran devait réduire la dépendance de son économie aux exportations de brut, « piège » hérité de la situation existante avant la révolution islamique de 1979. Il a suggéré que le pays construise davantage de raffineries pour la consommation de carburant national et, éventuellement, exporter plus de produits raffinés, ce qu’il fait déjà vers l’Afghanistan, l’Iran, les Émirats arabes unis, Oman et l’Arménie.
Un premier Aframax iranien pour le Venezuela
Fin juillet, l’Iran a mis à l’eau un premier Aframax destiné au Venezuela. Ce navire de 250 m de long, 44 m de large et capable de transporter 113 000 t de brut est le premier d’une série de quatre commandés par Caracas à Téhéran pour une valeur totale de 230 M€. C’est la compagnie Sadra, liée aux Gardiens de la Révolution, l’armée d’élite du pays, qui a construit le navire. L’Iran est le premier pays de la région à se lancer dans la construction de tels navires même s’il possède lui-même une flotte de navires-citernes construits en Corée du Sud et en Chine. Le Venezuela demeure l’un des rares alliés de l’Iran dans le monde, a plusieurs fois confirmé son soutien au programme nucléaire de Téhéran et dénoncé les sanctions européennes et américaines. Les deux pays ont largement développé des relations économiques et politiques au cours des dernières années.