L’affaire se sera déroulée sur presque quatre ans. En 2008, devant les pertes financières de l’armateur, le gouvernement de Sylvio Berlusconi décide de mettre sous administration judiciaire Tirrenia, une compagnie maritime qui appartient à la société d’État Fintecna. Après les appels d’offres, ce sera finalement le consortium formé par Marinvest, société appartenant au groupe MSC, Grimaldi et Moby Lines qui emporteront la préférence de l’administrateur. Tout au long de la procédure, les syndicats et les responsables politiques des régions de Sicile et de Sardaigne s’inquiéteront de voir une privatisation qui sacrifiera le service public sur l’autel de la rentabilité. En marge de la convention de cession signée entre l’administrateur et les repreneurs, une convention de délégation de service public est paraphée. Le nouvel administrateur de Tirrenia se veut rassurant à l’égard des responsables politiques des régions comme la Sardaigne et la Sicile. L’ancien ministre italien en charge des Transports, Altero Matteoti, s’est déclaré satisfait de cette vente « que j’ai accompagnée un temps ». De l’autre côté, les responsables politiques s’indignent de cette privatisation qui est surtout « un passage du monopole public au monopole privé », a soutenu un avocat d’Olbia, ville du nord de la Sardaigne.
Dans le cadre de la convention de cession, une clause de sauvegarde de l’emploi devrait rassurer le personnel. Les syndicats semblent sceptiques sur le long terme.
L’histoire de la privatisation de Tirrenia ressemble en bien des points à celle de la SNCM. C’est en effet après une procédure de plusieurs années, et bien des mouvements sociaux que la SNCM a été cédée à un consortium formé par des sociétés privées. Dans le même temps, tout comme Tirrenia, la Commission européenne s’est intéressée aux différents fonds que l’État a versés à l’armement. Si la Commission a donné une réponse favorable pour la SNCM, la décision pour Tirrenia n’est pas encore rendue. Il paraît difficilement concevable qu’elle déjuge sa précédente décision, sauf à ce que les sommes versées aient servi à d’autres fins que des aides au service public.