Ces dernières années, sur les eaux nationales tunisiennes, la Cotunav s’est laissée damer le pion par les compagnies internationales. Au point de détenir seulement 9 % du transport maritime national.
L’ambition maritime, confortée par le nouveau gouvernement, devrait permettre de lancer « une grande réflexion sur son développement au cours des quinze prochaines années. Actuellement, nous définissons des axes et espérons établir une feuille de route dans quelques mois. Notre objectif consiste à regagner des parts de marché dans le transport maritime et de revenir dans le transport de pétrole et de vracs solides. En attendant de disposer d’une flotte en propre, nous pourrions affréter des navires », a souligné Jamel Gamra, Pdg de la Cotunav, le 6 juillet à Marseille lors de l’inauguration du Tanit, en service depuis fin juin.
Ce car-ferry de 3 200 passagers et 1 060 véhicules est volontairement luxueux tant dans les espaces publics que dans les aménagements des cabines. Il possède même 32 appartements de grand standing.
« Face à ce que nous connaissons en Tunisie et en Europe, nos entreprises se doivent d’être innovantes. Nous proposons un nouveau type de confort car notre clientèle devient plus exigeante. Les tarifs restent inchangés et nous misons sur la qualité du service à bord ce qui pourrait nous permettre de prendre des parts de marché à l’aérien », souligne le dirigeant.
Le Tanit répond à une double ambition de la compagnie: maintenir une ligne régulière de qualité entre les deux rives de la Méditerranée, avec un transit-time de 17 heures, et, nouveauté, proposer des séminaires et des mini-croisières durant la basse saison. La Cotunav s’appuiera sur le savoir-faire de son partenaire de 40 ans, la SNCM.
« En 2013, nous souhaitons organiser des congrès à bord et tirer parti de Marseille, capitale de la culture. Nous espérons reproduire avec le Tanit ce que nous avons vécu lors de la mise en ligne du Carthage. L’attrait de la nouveauté a stimulé les trafics. D’ores et déjà, à fin septembre, nous enregistrons une hausse de 30 % des réservations par rapport à la même période de 2011 », se félicite Jamel Gamra. Et si les axes Marseille-Tunis et Gênes-Tunis sont les deux lignes les plus rentables de la Cotunav, il n’exclut pas d’ouvrir des liaisons vers Tanger et Nador. C’est également avec l’appui de la SNCM que la Cotunav souhaite instaurer de nouvelles techniques de gestion de ses cabines. « Nous souhaitons introduire du yield management avec des tarifs qui dépendent de la demande », précise Mohammed Abid, représentant la CTN en France.
Elle a beau être une compagnie publique nationale, la Cotunav s’arme d’outils pour s’éloigner de la gestion d’antan. Une gestion qui a conduit sa voisine marocaine, la Comanav, à la dérive… « Il est clair que les entreprises publiques manquent d’efficacité, de rentabilité. Au Maroc, la situation ne devrait pas durer car le transport maritime est un vecteur du commerce extérieur. Le pays devrait retrouver son pavillon national », a commenté Jamel Gamra.
En 2011, la Cotunav a transporté 290 000 passagers, toutes lignes confondues, et pour l’année en cours, elle table sur un trafic de 350 000 voyageurs. La compagnie affirme avoir connu l’an dernier une hausse de 9 % du fret. La Cotunav emploie 1 000 salariés, sédentaires et navigants.
Le Tanit, financé par les banques françaises
La construction du Tanit a représenté un investissement de 250 M$ financé à 80 % par un pool de banques françaises, les 20 % restants étant financés sur les fonds propres de la Cotunav. Pour Jamel Gamra, confier la construction du car-ferry à DSME fut une bonne affaire. « Les Coréens étaient 40 % moins chers que les chantiers européens », a-t-il fait valoir écartant les chantiers norvégiens, français, italiens et hollandais. L’entrée en flotte de ce septième navire (après les Amilcar, Elyssa, Carthage, Salambo, Ulysse et Habib) va permettre à la Cotunav de rendre le Strait-of-Messina (d’une capacité d’emport de 240 remorques). Par ailleurs, le Habib est à la vente depuis un an maintenant.
Tunisie, deuxième client du GPMM après la Chine
La Tunisie, premier client des bassins Est et deuxième client du port après la Chine, a connu depuis trois ans une érosion de ses trafics. En 2008, 256 000 passagers ont emprunté ces lignes, alors qu’en 2 011 ils n’étaient plus que 207 000. Le Printemps arabe serait la principale explication de cette baisse des trafics. La seule SNCM, présente également sur cette destination, a été contrainte de réduire la voilure de 40 %. Sur l’axe Marseille-Tunis, la CTN détient 56 % de part de marché et la SNCM 44 % avec 75 000 passagers transportés l’an dernier.