« Nous voulons une industrie du transport maritime grecque compétitive, soutenue par un puissant pavillon grec qui doit être en mesure de contribuer à l’essor de notre pays. Nous voulons davantage de marins grecs à bord de nos navires. Ce sont des positions que nous défendons depuis la création de l’organisation en 1932 », a déclaré Theodore Veniamis, président de l’Union des armateurs grecs (UGS), lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre du salon international Posidonia, le 8 juin à Athènes. Theodore Veniamis a aussi assuré que les résultats des élections du 17 juin ne devaient avoir aucune conséquence pour les acteurs du shipping grecs car « les fondamentaux et les perspectives du secteur demeurent solides ». Et ce, même si la Grèce, qui traverse une crise économique particulièrement sévère, est engagée dans un vaste programme de réformes et applique des mesures d’austérité sans précédent en échange de l’aide européenne. Une analyse pas complètement partagée par le cabinet de courtage maritime britannique Gibson Research (voir encadré). Pour l’UGS, le secteur maritime grec occupe toujours une place de leader au niveau international tout en étant fermement installé dans ses terres d’origine. La flotte grecque compte 3 325 navires pour un tonnage total de 227 Mtpl, a indiqué l’UGS. La moyenne d’âge de la flotte grecque s’élève à 10 ans et demi.
Des défis à relever au-delà de la crise économique
Plus que la situation intérieure de la Grèce, Theodore Veniamis a plus largement évoqué « la globalisation et ses effets secondaires, le développement galopant des technologies, la multiplication de réglementations parfois contradictoires, les mouvements sociaux perturbant l’activité dans les ports, la frilosité de financement de la part des institutions bancaires, les taux de fret très volatiles, la piraterie ». Tous ces points constituent, selon l’UGS, les défis du XXIe siècle pour le secteur du maritime. À propos de la piraterie, l’USG a souligné « l’absence de volonté politique de la communauté internationale à se mobiliser pour lutter contre ce fléau ». L’organisation a aussi rappelé que l’État grec, à la demande des acteurs du secteur maritime, a récemment adopté une législation pour autoriser la présence d’hommes armés à bord des navires battant pavillon grec. Toutefois, pour l’USG, « cette option ne constitue pas une solution durable, elle permet seulement d’assurer une meilleure protection des marins, des navires et des marchandises transportées ». Les armateurs grecs ne voient pas non plus d’un bon œil la multiplication des réglementations en lien avec la protection de l’environnement dans un contexte international de pression portant sur la réduction des gaz à effet de serre provenant des navires. « Le secteur du transport maritime a malheureusement été identifié comme une source potentielle de revenus, a regretté l’UGS, mais à un niveau sans rapport avec sa faible contribution à la pollution. » L’UGS n’a toutefois pas remis en cause les décisions de l’Organisation maritime internationale (OMI) en matière de réduction des émissions de CO2 des navires et a même salué les actions menées par cette institution internationale.
Des armateurs plus prudents?
Dans sa lettre hebdomadaire, le courtier maritime britannique Gibson Research s’interroge sur les conséquences des élections du 17 juin en Grèce pour les armateurs de ce pays. « Jusqu’à présent, les armateurs grecs ont bénéficié d’un large soutien des gouvernements successifs et bénéficié de nombreuses exemptions de taxes et d’avantages fiscaux », expliquent les experts de Gibson. Cette situation pourrait évoluer, le secteur maritime étant considéré comme le plus important contributeur à l’économie grecque au côté du tourisme. Il existe au moins un projet pour obtenir plus de recettes fiscales des armements grecs et remettre à plat les exemptions dont ces derniers bénéficient, indique la lettre de Gibson. Il est encore trop tôt pour dire si ce projet va devenir réalité, le gouvernement grec ayant été nommé le 21 juin par le nouveau premier ministre grec conservateur Antonis Samaras, soutenu par le Pasok socialiste et la gauche modérée. Par ailleurs, Gibson précise que le salon Posidonia a connu en 2012 nettement moins d’annonces spectaculaires concernant des investissements ou des commandes de navires que les éditions précédentes. Depuis janvier 2012, les armateurs grecs ont passé commande de trois tankers (300 000 tpl), alors qu’ils en avaient commandé 32 (36,2 Mtpl) en 2011. Serait-ce le signe d’une plus grande prudence, s’interroge Gibson? Le courtier relève aussi une nouvelle tendance chez les armateurs grecs: la multiplication des commandes de navires méthaniers. Dans les carnets de commande des chantiers, Gibson en a dénombré 33. Plusieurs d’entre eux ont été à l’origine des commandes de tankers, transformés en navires méthaniers « pour profiter de la demande grandissante de transport de GNL », avance Gibson.