Le marché des produits sous température dirigée souffre en ce début d’année. Dans son rapport sur le premier trimestre, Star Reefers affiche une perte nette de 39 000 $ contre un bénéfice de 2,4 M$ sur la même période 2011. Une perte qui tient d’une part à la baisse du chiffre d’affaires qui a perdu 12,9 % à 62,5 M$ et à une stabilité des coûts opérationnels. Le revenu opérationnel dégringole pour sa part de 83 % à 519 000 $ en raison d’une dépréciation de plus de 5 M$.
Les éléments financiers ont pesé sur les résultats de l’armateur américain mais le marché enregistre en ce moment des difficultés. Dans son analyse, Star Reefers annonce une diminution de 54 % du taux de fret moyen pour les navires palettisés sur le premier trimestre à 39 cents le pied cube (cbf). De plus, ajoute le rapport trimestriel, « pour la première fois depuis une décennie, il n’y a pas eu de haute saison ». Plus particulièrement sur le mois de mars, note Star Reefers, le meilleur des taux acceptés a été de 80 cents sur une période de sept jours avec, en général, des négociations tournant autour de 50 cents par cbf. Par comparaison, en 2011, les taux se sont élevés à 110 cents par cbf.
Plusieurs facteurs expliquent les difficultés du secteur. D’une part, la concurrence entre les navires conventionnels et les lignes régulières conteneurisées crée de nouvelles tensions sur le marché. Star Reefers n’hésite pas à parler d’une concurrence féroce avec les opérateurs conteneurisés qui créent des nouveaux services à des taux de fret non économiques. Une opinion partagée par NYKCool, armement basé à Stockholm, qui nous a confié que cette compétition a surtout amené une baisse des taux de fret pour les navires palettisés. Quand des grands armateurs, à l’image de Mærsk ou d’autres opérateurs dans le top 10 s’implantent dans des zones dont le marché est porté par les produits sous température dirigée, ce sont les taux de fret de tous les opérateurs qui souffrent. « Les grandes compagnies maritimes proposent de plus en plus des espaces dédiés pour les reefers sur les navires de grande taille. Ils créent de nouvelles capacités », nous a indiqués un responsable de NYKCool.
Regain des produits frais
Cette concurrence acharnée parfois entre armements spécialisés et lignes régulières conteneurisées a pris une nouvelle dimension dans un marché difficile. Les conditions climatiques difficiles du début d’année dans des pays comme l’Équateur et la baisse des prix des produits chiliens ont nettement joué sur le marché. « L’alliance entre CSAV et MSC en sortie du Chili a permis à ces deux opérateurs de renforcer leur position au détriment des acteurs conventionnels », indique le rapport de Star Reefers. Ainsi, depuis le Chili, les navires palettisés ont vu leur part de marché se réduire à 37 %. Le marché américain connaît des difficultés mais l’espoir demeure. NYKCool estime pour sa part que le marché du reefer connaît actuellement une croissance. « Nous voyons en Europe de l’Ouest, notamment en France et en Grande-Bretagne, mais aussi en Chine, en Russie et en Amérique, une tendance se développer à consommer des produits frais. La grande distribution tente d’attirer les consommateurs dans leurs rayons en proposant toute l’année des produits frais et en jouant avec les campagnes sur la santé. Cette dynamique permet au marché des produits sous température dirigée de croître », remarque un responsable de NYKCool. Un élément positif de ce marché réside dans sa retenue vis-à-vis de la construction de nouveaux navires. « Les opérateurs du reefer n’ont pas été incités à construire de nouveaux navires lorsque le boom de l’économie jusqu’en 2008 a tiré les finances des armateurs. Une retenue qui permet aujourd’hui d’éviter la surcapacité », ajoute le responsable de NYKCool. Une opinion qu’il tempère par rapport à l’arrivée des opérateurs de lignes régulières sur le marché.