En avant-propos de son étude trimestrielle sur les flux conteneurisés, le consultant britannique Drewry note que si les transporteurs ont réussi dernièrement à faire passer plusieurs augmentations tarifaires qui vont améliorer leur situation financière bien affaiblie, il n’en reste pas moins que subsiste un certain nombre de menaces qui risquent de faire « dérailler » cette amélioration. Le retour à une saine rentabilité est en aucun cas assuré.
Si la période des taux extrêmement bas entre l’Extrême-Orient et l’Europe est achevée, au point que Drewry estime que ces taux devraient augmenter de 13,7 % cette année, il faut rester prudent. La croissance de la demande de transport reste incertaine. Et le consultant l’a une nouvelle fois dégradée à 4,6 % pour l’année en cours. Les hausses intervenues en sortie d’Asie vers les États-Unis et l’Europe ont permis de se rapprocher du point mort mais « jusqu’à encore très récemment, même les porte-conteneurs de 15 000 EVP n’arrivaient pas à couvrir leurs frais entre l’Extrême-Orient et l’Europe ».
Pour 2011, Drewry a revu à la hausse son estimation des pertes financières des transporteurs conteneurisés: elles sont d’au moins 6,5 Md$ avec une demande de transport en croissance de 7,4 %. Il faudra un peu de temps pour compenser. Les résultats du premier trimestre 2012 devraient être décevants.
Impensable il y a quelques années, les transporteurs ont été dans l’obligation de se regrouper pour réduire leurs capacités de transport et leurs coûts entre l’Extrême-Orient et l’Europe.
Une hausse inattendue des tarifs
Personne n’a vu arriver la hausse tarifaire de 800 $/EVP et ils étaient peu nombreux à penser que les transporteurs s’y tiendraient, alors que les taux de remplissage des navires sont bas. Le retour à l’équilibre semble fortement dépendre de la volonté des compagnies de maintenir leurs hausses tarifaires et de leur refus de mettre des navires à la chaîne. Il n’empêche que 59 porte-conteneurs d’au moins 10 000 EVP seront livrés en 2012.
« Tant que les forces du marché n’auront pas trouvé un équilibre, les taux de fret et les résultats d’exploitation joueront au yo-yo » estime Neil Dekker, responsable des études sur le transport conteneurisé. « Il semble évident que les transporteurs ne perçoivent pas réellement la gravité de leur situation, car le nombre de désarmement de longue durée de navires est très bas. Au début mars, la capacité de la flotte inactive a monté pour représenter 5,4 % de la capacité totale, mais seuls 47 porte-conteneurs de plus de 5 000 EVP étaient concernés. »
La situation du transpacifique n’est guère meilleure. Et le transfert massif de grosses unités sur les marchés Nord-Sud laisse craindre une déstabilisation de ces dessertes.