Les investisseurs boursiers ne regardent plus les armateurs comme une manne financière. Le temps des gains réalisés sur les actions des compagnies maritime n’est plus. Au cours des quatre dernières années, la valorisation des compagnies maritimes a perdu 99 Md$ dans les différentes Bourses du monde. Une somme qui représente 44 % de la valeur de ces armateurs. « Les actions de nombreuses sociétés ne valent plus que des pennies », a indiqué Georges Elliot, directeur général de Naftilia Asset Management, fond de gestion qui gère un capital de 250 M$. Selon les chiffres compilés par Bloomberg, les 80 plus grandes compagnies maritimes sont valorisées à hauteur de 127 Md$ le 16 mars contre 226 Md$ le 19 mars 2008. Parmi les plus touchées par ce phénomène, Cosco Holdings a perdu jusqu’à 78 % de sa valeur. Cette baisse drastique de la valeur des armateurs cotés en Bourse est liée, selon les analystes, à l’état de surcapacité qui règne dans les principaux secteurs du transport maritime. La flotte conteneurisée a progressé de 55 % depuis la fin de 2006. Celle des pétroliers s’est accrue de 26 % et la flotte de vraquier a bondi de 64 %. En ce début de printemps, la flotte de vraquier devient la première flotte au monde. Un mouvement qui s’accompagne inexorablement d’une baisse des taux de fret.
Une dette de 102,6 milliards de yen pour Sanko
« Les armateurs doivent prendre des décisions difficiles, a déclaré Georges Elliot. Et 2012 sera une année de nettoyage », imaginant par là même que les armateurs vont certainement faire les frais de cette course en avant dans la construction navale. Une opinion que le cabinet d’avocat londonien, Norton Rose, a confirmée. « Les faillites, les ventes de navires et les réorganisations financières vont certainement s’accroître en 2012. Il y aura du sang sur la table. » Des armateurs ont déjà fait les frais l’an passé de cette situation. Korea Line a mis la clé sous la porte et la filiale vracs secs de Cosco a refusé de payer. Au Japon, Sanko Steamship Company, plus vieil armateur nippon, a organisé une réunion le 26 mars à Londres avec ses créanciers pour déterminer un échéancier. Il demande le report d’un mois de ses créances dues au 9 mars. Le montant des dettes atteint 102,6 milliards de yen (923 M€). Et pour conclure, un avocat du cabinet londonien de Holman Fenwick et Willan, Tony Rice, a rappelé que 18 armateurs cotés à la Bourse de New York ont fait faillite au cours des 18 derniers mois. « Et ceci n’est que la partie émergée de l’iceberg », conclu l’avocat.