P&O Ferries renouvelle sa flotte. Après avoir accueilli le Spirit-of-Britain en 2011, l’armateur britannique a pris réception de son dernier né, le Spirit-of-France, en janvier. Le 9 février, le nouveau-né de la flotte de P&O Ferries a effectué sa première traversée commerciale. Un an après son jumeau, ce géant du détroit s’intègre dans la flotte de l’armement britannique.
Construit dans les chantiers de STX de Rauma, le Spirit-of-France est arrivé à Douvres le 30 janvier. Pendant une semaine il a réalisé plusieurs traversées d’essais. Le 9 février, il effectue sa première traversée commerciale.
Le navire est équipé de trois ponts garages pouvant charger jusqu’à 4 000 mètres linéaires, soit 180 ensembles routiers et 200 véhicules de tourisme. « Le Spirit-of-France offre une capacité double par rapport aux navires qu’il va remplacer », souligne Nigel Davies, directeur des opérations de P&O Ferries. Il peut accueillir jusqu’à 2 000 passagers, « dans un niveau de confort et de commodité hors pair », souligne Pascal Devaux, directeur France de P&O Ferries. Son navire jumeau, présent sur le détroit du Pas-de-Calais, a déjà démontré de sa capacité à répondre à la demande en transportant 1,6 million de passagers sur l’année.
Le Spirit-of-France mesure 213 m de longueur pour une largeur de 31,4 m. Enregistré sous pavillon britannique, le navire est armé avec une équipe de 120 personnels. « Ils sont britanniques, français et en provenance des pays de l’Est. Tous sont sous contrat britannique », précise l’armateur. Cet équipage peut néanmoins être modulé en fonction de la clientèle à bord. « Lorsque nous avons moins de clients, certains personnels en profitent pour prendre leurs vacances. Nous avons aussi une marge de manœuvre avec les personnels en CDD », nous a confié un personnel de l’armement.
Déjà 1,6 million de passagers pour le Spirit-of-Britain
L’arrivée de ce navire doit coïncider avec le retrait des navires les plus anciens de P&O Ferries. Les Pride-of-Calais et Pride-of-Dover doivent être retirés de la flotte. « Nous l’envisagions avant le début de l’année. Les événements liés à SeaFrance nous ont amenés à retarder ces retraits », confirme Nigel Davies. Les deux navires sont toujours en opération. « Ils devraient malgré tout sortir très prochainement de la flotte », nous a indiqué un responsable de l’armement. Depuis janvier 2011, date de l’arrivée du Spirit-of-Britain, jusqu’au 9 février, les choses ont évolué. Après une année d’errements de SeaFrance qui s’est terminée en janvier lors de la décision du tribunal de liquider la société, P&O Ferries a été confronté à une demande croissante. « Déjà, l’an passé, nous avons enregistré les premiers effets des difficultés de SeaFrance. Ils n’ont pu assurer tous leurs départs, nous ont déclaré les clients qui se sont retournés vers nous. » Une opération qui profite à l’armement britannique qui a néanmoins dû aligner une flotte en conséquence. Ainsi, même si le Spirit-of-Britain est entré en flotte en janvier 2011 avec sa capacité supplémentaire, P&O Ferries a passé la vitesse supplémentaire dès le mois de novembre. « Lorsque la direction de SeaFrance a décidé de suspendre les services le 16 novembre, nous avons dû faire appel à de la capacité. Nous avons alors aligné le European-Seaway, navire pur fret. Au final, même s’il a fallu jongler avec les horaires, nous n’avons jamais eu à souffrir de queues au terminal de Calais », explique Nigel Davies. P&O Ferries a mis en place, dès le mois de janvier, le niveau d’opérations utilisé pendant la haute saison. Les arrêts techniques des navires sont reprogrammés et les sorties de flotte revues. « Aussi, nous pouvons assurer à chacun souhaitant voyager entre Calais et Douvres que la capacité n’est pas un problème », indique l’armement.
Même si le marché du transmanche est atone, la direction de P&O Ferries n’est pas inquiète. « L’économie européenne est tranquille en ce moment, explique Nigel Davies. Il existe toujours un marché pour le Tunnel et les ferries dans un esprit de concurrence loyale. » Depuis la première rotation commerciale du Spirit-of-France, les conversations sont alimentées par l’arrivée prochaine de LDA DFDS au départ de Calais. Pour les responsables de P&O Ferries, la capacité s’adaptera en fonction de la demande, « mais avec nos deux nouveaux navires, nous offrons des services depuis longtemps et de manière continue ». Quant à ce nouvel opérateur, « il sera un concurrent un peu plus loyal que SeaFrance qui a reçu de nombreuses subventions de la part de la SNCF pour maintenir son service ».
Une gamme de navire, un armateur, deux géants du transmanche
Le Spirit-of-France multiplie les qualificatifs et hisse P&O Ferries au rang de géant du transmanche. Il mesure 213 m pour une largeur de 32 m et une hauteur de 52 m. Avec son jumeau, le Spirit-of-Britain, il vient en remplacement de deux navires plus petits. La taille des navires de la gamme Spirit de P&O Ferries est adaptée pour répondre aux normes maximales acceptées actuellement par les deux ports qu’ils desservent, Calais et Douvres.
Ces deux navires ont été construits dans les chantiers de STX en Finlande à Rauma. Ils sont dessinés pour une consommation des soutes plus réduite et pour répondre aux normes environnementales. Tous les matériaux utilisés sont écologiques, leur donnant ainsi le label de Green Passport. Malgré leur hauteur et grâce à leur manœuvrabilité, ils sont capables de naviguer avec des vents de 50 nœuds.
La traversée entre les deux ports du Détroit est relativement courte, d’environ 90 mn. L’armateur britannique a néanmoins voulu privilégier le confort de ses passagers. Les nombreux services à bord pour la restauration et le repos des passagers, comprenant notamment des espaces fumeurs et non fumeurs, ressortent plus du concept de croisières.
L’arrivée de ce nouveau navire propulse P&O Ferries parmi les géants des relations entre continent et Royaume-Uni. En 2011, avec seulement le Spirit-of-Britain en plus, P&O Ferries a réalisé une croissance de 3 % en moyenne. Il a transporté quelque 8,1 millions de passagers, 1,06 million d’ensembles routiers, 1,3 million de véhicules de tourisme et 71 000 autocars. « Notre chiffre d’affaires a progressé en 2011 tout comme notre résultat, explique un responsable de l’armement. La guerre tarifaire entre les opérateurs sur ces liaisons a réduit les marges. Nous avons besoin d’augmenter nos résultats pour continuer d’investir dans de nouveaux navires. Des unités comme le Pride-of-Burgundy, le Pride-of-Canterbury et le Pride-of-Kent devront être arrêtés d’ici cinq ans environ. Sans des résultats plus importants, notre capacité d’investissement s’en trouvera amputée », explique un responsable de l’armement.