L’alliance DFDS-LD Lines annonce sa présence sur la route Calais-Douvres à compter du 17 février, avec un premier navire. Ce sera le Norman-Spirit, pour le moment affrété à DFDS sur la route Douvres Dunkerque. Cinq rotations par jour sont prévues, départ à Calais, de 2 h du matin (sauf le dimanche) à 21 h 30. Le second navire n’est pas encore en vue. Quelle que soit la décision future des propriétaires du Côte-d’Albâtre, disponible mais que les élus de Seine-Maritime et Haute-Normandie refusent pour le moment de fréter, l’alliance franco-danoise recherche un second navire. Le Norman-Spirit, construit pour le Belge RMT sous le nom de Prins-Filip en 1991, peut embarquer 110 pièces de fret ou jusqu’à 700 voitures, et 1 800 à 1 900 passagers. Le couple DFDS LD Lines remercie vigoureusement, dans son communiqué du 3 février, pêle-mêle « le gouvernement, le Conseil régional, la Mairie de Calais et la CCI Côte d’Opale » pour leur « soutien ».
L’alliance n’a pas encore d’existence juridique. Pourtant, explique Antoine Person, secrétaire général du groupe LD armateurs, la démarche se comprend toujours « dans la perspective du projet industriel » invoqué au cours de l’année 2011 lors de la tentative de reprise de SeaFrance, mise en échec par le tribunal de commerce de Paris. Un projet qui englobe toutes les lignes de LD Lines sur la façade ouest française. Ce que confirme Brøndholt Nielsen, de DFDS. En attendant, c’est LD Transmanche Ferries, basée à Dieppe, qui aligne le Norman-Spirit. Le navire est déjà armé, au pavillon français, premier registre.
Faire vite
La ligne créera bien 300 emplois, avec deux navires, dont 230 navigants, confirme Antoine Person. Cinquante postes de sédentaires seront créés rapidement pour l’ouverture de ligne. Il s’agit d’opérationnels, le marketing et l’administratif étant gérés depuis Dieppe. Les 16 licenciés après l’échec de la ligne Boulogne-Douvres sont prioritaires à l’embauche. Les licenciés de Sea- France volontaires pour ces postes sont sur les rangs. Les premiers entretiens d’embauche ont eu lieu en janvier. « Nous sommes impatients de connaître la réponse », a confirmé le 6 février Françoise Frégola, l’une des leaders du collectif des anciens de SeaFrance non syndiqués.
Côté navigants, le Norman-Spirit débutera avec son équipage actuel. Mais, assure Antoine Person, le Norman-Voyager, aligné sur Le Havre-Portsmouth, étant en voie de francisation, l’équipage du Norman-Spirit sera progressivement transféré sur ce navire. Ce qui fera place pour embarquer d’anciens SeaFrance. Ces derniers devront de plus bénéficier d’une formation d’adaptation au navire et aux procédures. Ils seront enrôlés aux conditions existantes dans la compagnie, avec un coefficient d’armement proche de 2,15.
« Il a fallu faire vite », invoque Antoine Person à l’appui de ce démarrage compliqué, car, « pendant ce temps, nos adversaires recrutent des clients frets en contrats annuels ».
Eurotunnel et la Scop ans la course
Eurotunnel, a indiqué son président Jacques Gounon en inaugurant le 2 février un centre de formation, a constitué une filiale, nommée Eurotransmanche, pour acquérir les navires et éventuellement d’autres actifs, notamment les marques, quand les enchères seront lancées. L’exploitation serait assurée par la Scop des anciens de SeaFrance, forte de la motivation de ses membres. Le 3 janvier, en assemblée générale, les pilotes de la Scop ont lancé un appel à candidatures. Les candidats au recrutement devront apporter en capital, « à titre personnel, la somme de 5 000 € sous forme de parts sociales », en plus des 25 000 € d’aide à la création prévus dans le PSE. Quatre jours plus tard, 200 ont signé. Jacques Gounon, avec l’appui de ses actionnaires, et assis sur un cash-flow qui lui permet de s’endetter sans difficultés, voit dans le maritime le complément de « l’offre premium » du tunnel sur le marché transmanche.