Le groupe Vale et la Chine jouent une partie d’échecs

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Le gouvernement de Pékin et le géant minier Vale jouent une sorte de jeu d’échecs qui pourrait bien se finir par un pat. D’un côté, le ministère des Transports de la Chine a décidé d’interdire l’accès à ses ports à tous les navires de plus de 350 000 tpl. En face, le minier brésilien, le groupe Vale, a engagé depuis 2008 la construction de 35 navires de 400 000 tpl pour transporter son minerais de fer vers les industries sidérurgiques. La décision du gouvernement chinois tient à des raisons sécuritaires. Selon le ministre des Transports chinois, le Vale-Brasil a subi des dommages lors du chargement de son voyage inaugural. Il aurait été retiré de la flotte pendant quelques jours. L’analyse des experts maritimes est différente. La Chine voudrait protéger sa marine marchande qui subi les effets d’une chute vertigineuse des taux de fret. L’affaire prend une autre tournure puisque tous les navires de plus de 350 000 tpl seraient interdits en Chine, y compris pour les pétroliers. Et pour semer un peu plus de doute, Reuters dévoile que cette interdiction pourrait s’appliquer à des navires de taille plus modeste. « Tout le monde sait que la Chine peut changer d’avis rapidement. Tout cela ressemble à un jeu d’échec », a déclaré Hans Navik, un analyste du groupe norvégien Nena. Pour le vice-président de l’association des armateurs chinois, Zhang Shouguo, « cette règle est immédiate et sans négociations. Dans le futur, cette mesure pourrait être assouplie mais en raison du calendrier des ministres, cela ne pourra pas survenir à court terme ».

Cette bataille de géants prend une dimension politique. Lorsque le groupe Vale a décidé de construire ses navires du type Valemax, le gouvernement brésilien de l’époque lui a demandé de faire le choix de chantiers nationaux. Souhaitant aligner ses navires sur des rotations entre le Brésil et la Chine, Vale n’a pas écouté le gouvernement brésilien et a fait le choix de confier la construction d’une partie de ses navires à des chantiers chinois pour s’assurer une bienveillance de la part des sidérurgistes chinois. Une autre partie de ces navires est construite en Corée. Il reste encore 29 navires à construire du type Valemax pour l’armateur brésilien. Un responsable du minier a précisé que l’interdiction chinoise ne changera rien aux plans de construction. Si Vale compte sur la Chine pour y vendre ses matières premières, l’empire du Milieu dépend largement du Brésil pour alimenter son secteur sidérurgique.

Des efforts d’ingéniosité pour contourner l’interdiction

Le groupe minier brésilien déploie des efforts d’ingéniosité pour contourner l’interdiction. En décembre, il a affrété un navire du même type auprès d’une société singapourienne pour livrer du minerai. plus récemment, les efforts consistent en un changement de logistique. Vale va appliquer aux minerais la même stratégie que dans les conteneurs. L’armateur développe deux hubs, l’un à Manille et l’autre en Malaisie. « Ces ports de transbordement pourraient annuler les économies réalisées par l’utilisation de navires de 350 000 tpl », souligne Bernado Lobao, analyste auprès d’un fonds d’investissement de Rio de Janeiro. À la fin du mois de janvier, le premier navire est arrivé dans le port philippin de Subic Bay. Le minerai sera ensuite acheminé vers les marchés asiatiques par un navire de 280 000 tpl. Quant à savoir le temps que durera cette partie d’échecs entre le gouvernement chinois et le groupe Vale, les analystes s’accordent pour reconnaître que la situation désastreuse dans le secteur des vracs secs est la cause majeure. Dès lors que l’indice du Baltic Dry sera revenu à des niveaux plus acceptables, tous les analystes imaginent un retour à une situation plus ouverte. Il paraît difficile de penser que l’un ou l’autre des opposants finisse par un échec et mat, la partie devrait plutôt se terminer sur une égalité, ou pat, comme le veut le langage des échecs.

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