Après un premier round pour rien à Calais le 19 janvier, une réunion à Paris le 23 au matin en présence de représentants de la SNCF a confirmé le désaccord entre les huit élus du personnel, pour cette fois unanimes, et le plan proposé. Ce vote obligatoire permet au liquidateur de déclencher une première vague d’environ 300 licenciements. Ce chiffre exclut les cheminots statutaires de SeaFrance reclassés d’office, les salariés protégés, les salariés conservés en cellule de liquidation, et 200 salariés qui ont, en hâte, marqué leur intérêt pour un reclassement. Une liste de 720 postes, 360 dans la maison mère et 360 dans les filiales, a été proposée aux salariés. Mais les rares postes qui intéressent les salariés candidats au reclassement, en particulier ceux situés dans le Nord-Pas-de-Calais, sont demandés par plusieurs candidats à la fois. On sera donc probablement loin de 200 reclassés.
Ce troisième plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) comprend le montant conventionnel de l’indemnisation, une indemnité complémentaire de 22 000 € et 200 € brut par année d’ancienneté, le plan de reclassement, un plan de formation, le tout jugé insuffisant ou hors sujet par Me Brun, l’avocat des salariés. Vient ensuite une proposition de transaction directe avec la SNCF, d’un montant variant de 3 000 € à 20 000 € brut, contre renoncement à tout recours contentieux. Me Brun et la CFDT conseillent de refuser cette transaction, et tout au contraire d’attaquer en masse. Les PSE 1 et 2 ont rapporté en moyenne 44 000 € et 44 600 € brut d’indemnités. Le troisième devrait être un peu meilleur, mais inférieur aux 60 000 € évoqués par les ministres.
Seul point d’accord unanime, la prime à l’embauche au rôle du futur armateur créé à l’initiative de la Scop s’élèverait à 25 000 €, versés à la nouvelle compagnie, pour chaque adhérent à la Scop effectivement embauché. Cette somme ne transiterait pas par la poche des salariés.
Débuter progressivement
Selon les pilotes de la Scop, le travail d’approfondissement du business plan se poursuit, de concert avec Eurotunnel. Aucun autre acheteur ne s’est déclaré pour les navires. L’objectif de la Scop est de débuter progressivement, pour armer trois navires à temps pour les grands week-ends de printemps, ou à tout le moins la saison d’été. Jean-Marc Puissesseau, président de la CCI concessionnaire du port, averti de la difficulté d’armer la compagnie à 100 % avec des anciens de SeaFrance, accepterait de lui ouvrir ses passerelles sous condition d’au moins 100 CDI d’embauches, d’anciens de la compagnie française, et d’une montée en charge ultérieure. La Région Nord-Pas-de-Calais réserve toujours 10 M€ pour participer à un projet, consulte les intervenants, mais n’en dit pas plus.