À la date du 25 janvier, l’échouement du Costa-Concordia aurait fait « au moins » 16 morts et 17 disparus, selon Reuters. En ce qui concerne l’enquête technique que le Bureau enquêtes accidents (BEA) italien a l’obligation de mener selon la directive 2009/18, les BEA français et allemands devraient au moins y être « associés ». Le 17 janvier, l’OMI a transmis aux États membres concernés le message de la garde côtière italienne (GCI) qui contient des éléments préoccupants: confirmant l’ouverture d’une enquête judiciaire qui lui échappe, la GCI a expliqué que, si elle a déjà recueilli les témoignages de navigants et de passagers, le commandant est pour sa part sous le contrôle de la justice et sera d’abord entendu par le procureur. Faut-il comprendre que la GCI n’aura pas accès au commandant? Cela serait peu compatible avec la directive européenne qui rappelle l’objectif d’une enquête technique: améliorer la sécurité maritime en prévenant la répétition des accidents.
Autre préoccupation, l’implication des BEA étrangers sera soumise à l’autorisation du procureur en charge du dossier. D’ailleurs, toute l’enquête technique du BEA italien doit être menée en « collaboration » avec toutes les autorités italiennes concernées.
Le 19 janvier, la GCI a informé les BEA concernés que les enregistrements des VDR (voice data recorders, boîtes noires) ont été saisis par le procureur qui est prioritaire: « Nous estimons donc qu’il faudra plusieurs semaines avant que les informations soient disponibles. Nous vous tiendrons informés. » Elle organisera une réunion internationale pour tenir informés les parties concernées après la lecture et l’interprétation des données des VDR qui sont « l’élément clé d’une claire compréhension de ce qui s’est passé à bord ». L’inspection de la coque, « autre élément important pour comprendre », est « malheureusement » impossible actuellement car le navire repose sur des rochers. L’enquête technique semble mal commencée, d’autant qu’une dépêche AFP du 22 janvier indique que, selon le commandant, les VDR ne fonctionnaient plus depuis plus de quinze jours et que Costa en avait été informé. Un BEAmer européen, indépendant, pourrait s’imposer à terme.