Avis de tempête sur HSH Nordbank. En l’espace de quelques mois, le numéro 1 mondial du financement maritime doit faire face à des vents contraires, qui plombent ses comptes. Premier coup de semonce fin octobre: les dirigeants des 17 pays de la zone décident d’effacer la moitié de la dette grecque. Conséquence: la banque allemande va devoir « s’asseoir » sur 121 M€, qu’elle avait prêtés à Athènes. Pour ne rien arranger, l’institut est très exposé auprès des armateurs helléniques, avec 2,8 M€ de créances. Un portefeuille considéré comme très risqué, dans le contexte de récession en Grèce. Un mois plus tôt, HSH Nordbank avait déjà encaissé un autre coup dur. Sous la pression de Bruxelles, la banque a dû verser 500 M€ à ses actionnaires publics, la Ville de Hambourg et l’État régional du Schleswig-Holstein, qui l’ont assistée durant la crise financière de 2008. Passés à deux doigts de la faillite, les Länder et l’État fédéral ont apporté 10 M€ de garanties publiques. Depuis ce sauvetage, la banque est placée sous surveillance de la Commission. Et la gardienne des règles de la concurrence a exigé, en contrepartie, des restructurations drastiques ainsi que ce versement exceptionnel.
Résultat: la banque qui avait péniblement renoué avec les bénéfices au début de l’année, replonge dans le rouge, avec une perte de 224 M€ au premier semestre. « Sans ces dépenses exceptionnelles, nous aurions pu réaliser un bénéfice avant impôt de 839 M€ », cherche à nuancer Paul Lerbinger, le président de HSH Nordbank.
Sanctionnée par Moody’s
Mais cet argument n’a pas convaincu Moody’s. L’agence de notation vient de sanctionner la Nordbank en abaissant de deux crans sa note. Comme la plupart des banques régionales allemandes, elle est considérée comme l’un des maillons faibles du système financier du pays. Un coup dur supplémentaire qui va renchérir les opérations de refinancement de l’établissement hambourgeois. En bout de chaîne, cette accumulation de mauvaises nouvelles se fait sentir sur les activités de la banque. Sous la pression de Bruxelles et des agences de notation, HSH Nordbank doit fermer le robinet: cette année, le volume de prêts n’excédera pas 500 M€. À terme, il s’agit de réduire de 4 Md€ le portefeuille maritime d’ici 2014.
Pour autant, le grand argentier des mers refuse de déposer les armes. HSH Nordbank se targue ainsi d’avoir passé avec succès le dernier test de résistance européen, qui prend en compte la décote de 50 % des créances grecques. Avec un ratio de fonds propres établi à 9,6 %, soit 0,6 point de plus qu’exigé par l’autorité de régulation, l’institut s’estime « davantage à l’abri de la crise et des turbulences qu’auparavant ». De quoi redonner des couleurs à Torsten Temp, l’un des directeurs de la banque. « Les établissements qui sont particulièrement exposés aux risques souverains vont devoir réduire la voilure pour renforcer leurs fonds propres », explique-t-il au Financial Times Deutschland. « Cela va concerner les activités qui mobilisent beaucoup de capital, sans apporter de gros résultats. De ce point de vue, le financement maritime est tout indiqué. »
En clair, HSH Nordbank estime que certains de ses concurrents vont délaisser le champ du financement maritime et qu’elle va pouvoir s’engouffrer dans la brèche. « Dans les prochaines années, nous allons regarder de près les opportunités qui se présentent », confie-t-on à Hambourg. Un regain d’optimisme même si la banque a déjà fait une croix sur sa place de leader. À moyen terme, Torsten Temp reconnaît que la banque des bords de l’Elbe devra se contenter d’une place « dans le top 5 mondial ».