JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): QUELLE PLACE OCCUPE CMA CGM AU BRÉSIL?
MARC BOURDON (M.B.): CMA CGM est le cinquième armateur au Brésil avec neuf lignes exploitées desservant l’ensemble de la planète. Les marchés les plus importants sont l’Asie, l’Europe et l’Amérique centrale.
JMM: COMMENT AVEZ-VOUS RESSENTI LA CRISE DANS LA RÉGION? SE FAIT-ELLE ENCORE SENTIR?
M.B.: Le Brésil reste un pays soutenu par une économie forte et une consommation grandissante. Les importations de produits finis et projets continuent de croître. Les exportations sont fortement soutenues par la nature même des produits exportés par le Brésil, principalement alimentaires. Aujourd’hui la crise européenne inquiète les exportateurs mais ils restent à ce stade relativement optimistes.
JMM: QUELS SONT VOS PROJETS DANS LA ZONE?
M.B.: Nous croyons fortement au développement du nord du pays où le gouvernement fait un effort pour promouvoir le développement de ces zones. Ceci nous a amenés à développer et lancer des escales pionnières sur des ports comme Belem, Natal ou encore Itaqui où nous collaborons avec le groupe Vale pour des exportations de ferro nickel depuis les mines de l’intérieur du pays. Nous croyons aussi fortement au développement de l’intermodal ferroviaire et nous nous intéressons de près aux évolutions de ce secteur.
JMM: ET VOS AMBITIONS?
M.B.: Tout d’abord nous hisser au quatrième rang à moyen terme, étoffer notre offre de services sur certains marchés où nous sommes encore un peu en retrait et enfin nous positionner comme un acteur principal du reefer où nous avons grossi de 20 % en 2011. Tout cela accompagné d’une qualité de service irréprochable, point sur lequel nous avons énormément progressé cette année.
JMM: COMMENT ÉVALUEZ-VOUS LE POTENTIEL DU BRÉSIL, ET QUELS SONT LES PORTS LES PLUS PROMETTEURS?
M.B.: À l’export, la zone maintient un fort potentiel de croissance sur les matières premières et agroalimentaires. Nous observons un transfert du conventionnel vers le conteneur qui devrait s’intensifier (minerai, soja, sucre…). Le sud du pays reste la zone principale avec 80 % des flux, mais le Nord est prometteur et en pleine croissance. Le port de Santos représente 40 % des flux à lui seul. Le nouveau port d’Itapoa se positionne pour le futur de la région du Parana et de Santa Catarina avec une infrastructure adaptée. Dans le Nord, les ports sont un peu à la traîne mais les projets sont nombreux, certains bien avancés comme les ports de Pecem et de Vila do Conde. Le marché le plus fort depuis quelques années est l’Asie du fait d’importations toujours plus fortes vers le Brésil, mais on voit une belle croissance sur l’Afrique également.
JMM: QUELS SONT LES PRINCIPAUX FREINS ET LES PRINCIPALES DIFFICULTÉS RENCONTRÉS DANS LE PAYS?
M.B.: Les problèmes principaux sont infrastructurels. Ce goulot crée un véritable problème pour la croissance des flux internationaux tant sur l’intermodal que le maritime. L’effet immédiat est une augmentation forte des coûts logistiques au Brésil qui se traduit par un risque de compétitivité important pour les exportateurs brésiliens. À cela s’ajoutent une monnaie et un taux d’inflation forts.
CMA CGM en Amérique latine
L’Amérique latine représente environ 14 % des volumes totaux transportés sur l’ensemble des lignes du groupe. CMA CGM y offre actuellement 23 services: cinq services au départ de l’Asie, neuf au départ de l’Europe, et neuf intra-Amérique.
