La flotte de GDF Suez transporte les 16,5 Mt de GNL du groupe

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): QUELS SONT LES OBJECTIFS DE GDF SUEZ EN ASIE/PACIFIQUE?

DENIS BONHOMME (D.B.): Nous avons deux grands objectifs dans la zone Asie Pacifique. Le premier: vendre du GNL aux grands consommateurs de la zone, en utilisant principalement notre portefeuille actuel et en le développant. Le second est de devenir producteur de GNL avec le projet Bonaparte et son usine de liquéfaction flottante, aux larges des côtes australiennes. Depuis 2010, nous avons conclu quatre contrats de vente en Corée, en Chine, en Malaisie et en Inde. Le marché, en 2011, représente environ 240 Mt de GNL. GDF SUEZ gère aujourd’hui un portefeuille de 16,5 Mt de GNL.

JMM: QUELLES SONT LES RAISONS MOTIVANT LES PROJETS DE GDF SUEZ EN AUSTRALIE?

D.B.: L’Australie possède de vastes réserves de gaz naturel exploitables. C’est une des régions où il y a beaucoup de potentiel. C’est aussi un pays au cœur de la zone Asie-Pacifique qui connaît une très forte demande en gaz naturel, du fait de sa croissance économique. Les deux tiers de la consommation mondiale du GNL sont situés en Asie. Par ailleurs, ces pays n’ont pas accès à des approvisionnements par gazoduc. Le Japon et la Corée, pour des raisons géographiques et géologiques, n’ont pas de ressources propres d’hydrocarbures. Ils ont donc toujours importé du pétrole, des produits raffinés et maintenant du GNL pour leur production électrique. L’Inde ne peut faire face à une forte demande nationale. En Chine, la grande majorité du gaz est importé de plus en plus par GNL.

JMM: QUELLES SONT LES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET BONAPARTE?

D.B.: Dans le projet Bonaparte, l’usine de liquéfaction est offshore. Et là réside l’innovation de ce projet car cela n’a jamais été fait jusqu’à maintenant. Ce sera la deuxième dans le monde après Shell qui vient de lancer le développement d’un projet similaire également en Australie. Une fois liquéfié offshore, le gaz sera transporté par des méthaniers, chaîne classique du transport, jusqu’à des terminaux de regazéification situés principalement en Asie. Pour le projet Bonaparte, nous avons acheté une licence d’exploitation fin 2009 avec Santos, un opérateur australien. GDF Suez possède 60 % de la licence, Santos 40 %. Pour l’instant, le projet est en phase d’étude et d’exploration, avec un forage en 2011. La décision finale d’investissement – plusieurs milliards de dollars sont en jeu – devrait être prise vraisemblablement en 2014 avec une première production d’hydrocarbures vers 2018.

JMM: POUVEZ-VOUS DÉTAILLER DANS QUELS TERMINAUX MÉTHANIERS EST PRÉSENT GDF SUEZ?

D.B.: En France, nous sommes présents dans les trois terminaux de Fos Tonkin, Fos Cavaou et celui de Montoir. Aux États-Unis, GDF Suez est actionnaire à 100 % dans deux terminaux: un flottant et un onshore. Le terminal flottant Neptune, au large de Boston, consiste en deux bouées qui permettent de recevoir le gaz naturel au moyen de méthaniers regazeifieurs. Au Chili, le groupe possède une participation importante dans un terminal méthanier dont la partie stockage est offshore tandis que la partie regazéification est onshore. Le navire qui sert de stockage flottant a été reçu en 2009 par le groupe et est entré en activité en tant que stockage flottant en 2010. Nous avons aussi une participation de 10 % dans le terminal de Dahej en Inde avec Petronet. Enfin, GDF Suez a des droits d’accès, c’est-à-dire des réservations de capacités dans deux terminaux en Espagne (Carthagène et Huelva), un en Grande-Bretagne (Isle of Grain), deux aux États-Unis (Sabine Pass et Freeport) et en Belgique à Zeebrugge. Ces terminaux méthaniers sont importants car ils permettent à GDF Suez d’avoir accès aux marchés.

JMM: QUELS SONT LES PROJETS DU GROUPE EN MATIÈRE DE TERMINAL MÉTHANIER?

D.B.: Les services d’ingénierie du groupe, comme Tractebel Engineering, proposent déjà leurs services pour des terminaux méthaniers dans le monde; mais sachant que le marché asiatique est particulièrement complexe, il faut savoir qu’il y a des pays plus ouverts que d’autres. Par exemple, au Japon, il est très difficile d’obtenir des capacités dans un terminal. En revanche, en Inde, GDF Suez possède 10 % dans l’opérateur GNL indien Petronet, qui possède et opère le terminal de Dahej et qui en construit un autre à Kochi.

JMM: POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER LA FLOTTE DE MÉTHANIERS GDF SUEZ?

LAURENT RAMBAUD (L.R.): La flotte comprend 17 navires au 31 août. Elle est composée de navires dont le groupe est propriétaire, environ un quart, et de navires affrétés pour les trois quarts restants. Nous essayons d’équilibrer entre des engagements de long ou moyen terme et une adaptation en fonction des besoins de vente de GNL sur du court terme. Trois navires sont propriété du groupe, plus un en copropriété. En propriété, il y a le Matthew, le Provalys et le GDF-Suez-Global-Energy. Le Gaselys est en copropriété avec NYK. Trois navires sont sous pavillon RIF. Le Matthew est sous pavillon norvégien et Hoegh en assure le management. Comme ce navire opère surtout entre Trinidad et Boston, il y a une obligation de présence à bord d’officiers ou d’élèves américains. Les trois autres navires RIF sont gérés par Gazocean qui opère en supplément un autre navire, le Grace-Cosmos, dont l’armateur est NYK. La flotte de GDF Suez transporte les 16,5 Mt/an de GNL du groupe. Les navires servent donc à gérer notre propre portefeuille de vente.

JMM: COMMENT S’INTÈGRE GAZOCEAN DANS LE GROUPE GDF SUEZ?

L.R.: Gazocean est une filiale commune de GDF Suez et du Japonais NYK. Le groupe français est majoritaire à hauteur de 80 % du capital. C’est une filiale qui assure le ship management de certains des navires du groupe, c’est-à-dire qu’elle assure la maintenance des navires, fournit des équipages formés selon les critères de la profession. C’est une société de services. Elle est suivie par le département Transport maritime de GDF Suez avec des administrateurs de cette filiale qui sont membres soit de GDF Suez ou de NYK. Gazocean n’est pas et n’a pas vocation à être armateur propriétaire des navires. Elle ne porte pas d’actifs ni des contrats d’affrètement. Ce dernier rôle, c’est celui de la division transport maritime de GDF Suez. Parmi les derniers événements concernant l’activité de Gazocean, il y a l’arrêt du Tellier, un méthanier de 1974. Le Tellier a réalisé 1956 voyages entre principalement Fos Tonkin et l’Algérie (Skikda ou Arzew). Il détient ainsi le record du monde du nombre de voyages faits pour transporter du GNL.

JMM: QUELLE EST VOTRE ANALYSE DU MARCHÉ DU GNL ACTUELLEMENT?

D.B.: Fukushima et l’arrêt d’autres réacteurs nucléaires japonais restent l’événement majeur du marché du GNL en 2011. La demande de GNL du Japon a fortement et rapidement augmenté. Cet événement et ses conséquences ont fortement tendu le marché du GNL. En plus des contrats de long terme, beaucoup de volumes spots ou flexibles de GNL sont partis vers le Japon. Les prix du marché spot, par nature volatils, deviennent de plus en plus hauts sur la zone asiatique. La bulle gazière persiste en Europe mais est de moins en moins ressentie parce que les volumes quittent l’Atlantique pour aller en Asie.

Des accords avec la Chine

Au sein de la zone Asie-Pacifique, le groupe GDF Suez renforce notamment ses engagements en Chine. Fin octobre, deux accords ont été signés. Le premier avec China Investment Corporation (CIC) porte sur un investissement minoritaire de 2,3 Md€ dans les activités exploration-production de GDF Suez et sur l’acquisition par CIC d’une participation de 10 % dans un train de l’usine de liquéfaction Atlantic LNG à Trinité et Tobago. Cet accord concrétise la coopération annoncée en août entre le groupe français et CIC. Le deuxième accord concerne la fourniture par GDF Suez d’un méthanier regazéificateur qui sera utilisé comme unité flottante de stockage et regazéification en Chine par la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC).

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