Avec 12 700 mouvements de navires enregistrés au premier semestre pour un total de 45,5 Mt de marchandises transportées, le canal de Kiel est la voie navigable la plus fréquentée au monde. C’est aussi un axe stratégique pour le port de Hambourg, dont les quais sont directement reliés à cette route fluviale. Les armateurs qui font escale dans la ville hanséatique peuvent ainsi rejoindre facilement la mer Baltique, sans avoir à contourner le Danemark. Grâce ce raccourci de 250 miles nautiques, Hambourg a développé une activité de feedering florissante, s’imposant comme le grand hub des flux entre l’Est et l’Ouest. Seulement voilà: cette infrastructure, construite il y a 100 ans, est vieillissante et les pannes se multiplient, notamment sur les écluses situées à l’embouchure. Résultat pour les navires: des embouteillages à rallonge avant de pouvoir s’engager sur le canal. Entre 2010 et 2011, le temps d’attente a ainsi été multiplié par deux.
Il y a trois ans, le ministre des Transports a déjà annoncé un vaste plan de modernisation, qui prévoyait aussi le creusement du chenal pour permettre le passage de navires plus grands. Mais faute d’argent, le chantier n’a jamais vu le jour. Aujourd’hui et après de longues tractations, un compromis semble enfin se dessiner. Malgré la rigueur budgétaire, l’enveloppe du ministère des Transports pourrait être augmentée d’1 Md€, dont 200 M€ seraient alloués à la modernisation des écluses. Le projet serait même devenu l’une des priorités de Berlin. Il faut dire qu’il y a urgence à agir. Car de nombreux armateurs préfèrent désormais organiser leurs opérations de feedering depuis Anvers ou Rotterdam, quitte à rallonger le parcours: avec la chute des taux d’affrètement, le temps de trajet n’est plus aussi déterminant. Une évolution qui inquiète en Allemagne: en rendant le canal de Kiel plus attractif, le gouvernement espère donc inverser la tendance pour, au final, redonner des couleurs au port hambourgeois, rétrogradé l’an dernier à la troisième place européenne.