De cette dernière manifestation ressort l’urgence qu’il y a pour l’Italie de relancer l’écobonus. Cette aide accordée aux transporteurs routiers s’est avérée très positive. Les 170 M€ affectés à ce concept pour la période 2007/2009 ont permis d’assurer une moyenne de plus de 450 000 voyages nationaux et communautaires par an. Les 30 M€ prévus pour 2010 n’ont toujours pas été libérés et rien n’est prévu pour la période 2011/13. L’argent fait défaut. Pour l’Italie, l’écobonus est très important car il est considéré comme investissement en infrastructure. Plaidoyer est fait pour un écobonus euroméditerranéen et eurobaltique en attendant un éco-bonus européen, nouveau rôle qui devrait incomber à un Marco Polo rénové, vraisemblablement intégré dans les RTE-T qui, eux aussi, feront l’objet d’une revue en fonction des circonstances budgétaires.
L’échéance 2015 portant sur une désulfurisation du fuel à 0,1 % a fait l’objet de critiques car jugée non réaliste. Les États membres de l’UE, qui ont avalisé la décision de l’OMI, alors qu’ils n’ont procédé à aucune étude préalable en matière d’impact, sont priés de revoir leur copie et d’obtenir un report de ladite échéance. Selon l’armateur Emanuele Grimaldi, cette nouvelle étape pourrait impliquer un surcoût entre 500 € et 1 000 € la tonne, ce qui d’une part rendrait le transport maritime plus cher et, d’autre part, provoquerait un retransfert de cargaisons du navire vers la route. L’armateur a une fois de plus insisté sur la nécessité de réduire le nombre de navires Ro-Ro et Ropax, vu la baisse de la demande. Un rééquilibrage sera bénéfique sur le plan des résultats des entreprises et de la pollution. Une législation devrait intervenir afin d’envoyer à la casse les unités qui ont plus de 30 ans d’âge et font concurrence aux entreprises qui utilisent des unités performantes, soucieuses de la sécurité et de l’environnement.
À l’heure de la consolidation
Pour le groupe italien, l’exercice 2010 a été clôturé avec un CA de 2,3 Md€, légèrement supérieur à celui de 2009. Le bénéfice net a été réduit compte tenu des circonstances. L’exercice 2011 devrait être du même niveau. En 2010 la position sur le plan net equity était supérieure à 2,1 Md€. Pas de dividende. Les profits sont réinvestis. Le recours à l’emprunt est donc très limité. De plus, une ligne de crédit de 300 M€ est disponible à laquelle recours est fait pour, par exemple, augmenter les participations dans les filiales Finnlines et Minoan line. L’armement a investi plus de 3 Md€ dans de nouvelles constructions, dont les huit dernières unités seront livrées progressivement en 2012. Emanuele Grimaldi a annoncé que décision avait été prise pour la filiale ACL de commander 5 nouveaux conros, un peu plus grands, qu’un chantier naval asiatique devra livrer en 2013/2014.
Malgré les circonstances économiques, d’importantes initiatives ont été prises. Il y a eu le lancement du service Mediterranean Express au départ de la Méditerranée, notamment de Marseille, vers la COA, service désormais assuré seul avec deux conros. Dans les prochaines semaines, l’adjonction d’un troisième navire fera passer la fréquence de 18 à 10 jours. Les restructurations se sont poursuivies, tant chez Finnlines qui renoue progressivement avec la rentabilité, que chez Minoan encore dans le rouge. Grimaldi, en coopération avec Gianluigi Aponte (MSC) et Vincenzo Onorato, participe à la demande du gouvernement italien au redressement de l’armement Tirrenia, opération que la CE doit encore approuver. Cette compagnie poursuivra ses activités comme par le passé, à savoir la desserte de la Sardaigne, avec les mêmes horaires et tarifs. Toutefois, le tonnage obsolète sera remplacé de manière à générer des économies d’échelle. Enfin, Grimaldi va investir 20 M€ dans un nouveau terminal pour passagers et fret à Barcelone. Tout semble indiquer qu’au cours des prochains mois, le groupe Grimaldi va s’employer à consolider ses positions.