JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): POURRIEZ VOUS NOUS EXPLIQUER COMMENT S’EST PASSÉ LA REPRISE DES NAVIRES ET DE LA LIGNE OPÉRÉE JUSQU’EN JUIN PAR AGREXCO?
SERGIO PUPPO (S.P.): Lorsque les navires ont été arrêtés, nous avons songé à les affréter car nous avons l’habitude d’exploiter des navires reefer. Nous avons approché KFW, la banque allemande propriétaire des Carmel-Ecofresh et Carmel-Biotop qui cherchait à maintenir ses navires en exploitation.
Avec Antonio Orsero, nous sommes allés à Francfort et avons signé un contrat d’affrètement pour deux ans. Nous sommes ensuite partis à la rencontre des exportateurs de fruits et légumes israéliens afin de les avertir que nous tenions les navires à leur disposition. Nous avons également monté une structure sur place en Israël avec Israeli Scandinavian, représentant de l’armateur. Lors de la faillite d’Agrexco, les exportateurs ont tenté de travailler seuls puis se sont finalement regroupés. Lorsque le service d’Agrexco s’est arrêté cet été, les exportateurs n’avaient pas d’autre choix que de charger leurs fruits en conteneurs reefer sur les navires de la concurrence jusqu’à Koper en Slovénie, un port qui souffre de congestion.
Enfin, nous avons proposé à ZIM et Cosmed la pontée des navires sachant que nous réservions la cale pour les palettes de périssables. Chaque navire possède 630 EVP de capacité en pontée (avec 140 prises reefer) et 4 100 palettes dans les cales.
ZIM et Cosmed, qui exploitaient un service similaire, ont simplement accepté notre proposition et vont rendre les navires qu’ils avaient affrétés. Cet accord est une opportunité. Qui plus est, notre transit-time est très rapide. Les navires entameront leur rotation de 14 jours à compter du 10 octobre entre Haïfa, Ashdod, Sète, Gênes, Naples et Haïfa. Il s’agit d’une période très importante de l’année qui marque le début de la campagne d’exportation de fruits et légumes. Les escales seront hebdomadaires à jour fixe.
JMM: POUR QUELLES RAISONS AVEZ VOUS CHOISI DE FAIRE ESCALE À SÈTE?
S.P.: En 2010, GF group, filiale du groupe Orsero a investi massivement sur le port de Sète aux côtés de la Région Languedoc-Roussillon dans un terminal, Reefer Terminal Sète, afin de recevoir les fruits du groupe Agrexco. Il était donc logique de positionner les navires à Sète. De plus, le port bénéficie depuis le mois de mai d’un nouveau portique à conteneurs. Nous avons pour ambition de développer les échanges à Sète et d’attirer d’autres compagnies maritimes afin de rentabiliser nos investissements.
Nous possédons également des terminaux portuaires à Vado Ligure en Italie et à Tarragone en Espagne. Avec notre terminal à Sète, nous disposons de 45 000 m2 de capacité totale d’entreposage dont 25 000 m2 sous température dirigée pour stocker jusqu’à 15 000 palettes.
JMM: QUELLE EST L’ACTIVITÉ ORIGINELLE DE COSIARMA?
S.P.: Antonio Orsero a démarré son activité il y a 23 ans avec quatre navires. De 1989 à 1999, nous avons exploité les Cala-Portese, Cala-Piana, Cala-Picola et Cala-Pevero. Et, dans les années 2000, nous avons fait construire quatre sisterships aux chantiers d’Ancône d’une capacité de 7 000 palettes et 560 EVP en pontée (Cala-Pino, Cala-Pula, Cala-Pedra et Cala-Palma).
Nous employons quatre navires reefer entre l’Amérique latine et la Méditerranée qui acheminent essentiellement des bananes et des ananas. Les navires effectuent une rotation en 28 jours entre Vado, Tarragone, Valence, Carthagène, Puerto Limon, Purbo, Lisbonne et Vado Ligure. Nos navires battent pavillon italien et emploient des officiers italiens. Les deux navires que nous venons d’affréter, rebaptisés Cala-Pira et Cala-Paradiso, ont été immatriculés à Antigua et Barbuda. Nous bénéficions d’une option d’achat au terme de l’affrètement et, si nous décidons de la faire jouer, ces deux navires passeront eux aussi sous registre italien.