Financement maritime: la suprématie allemande vacille

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C’est une année noire pour le financement maritime « à l’allemande ». Déjà mal en point depuis la crise, le secteur vient d’encaisser coup sur coup les faillites de plusieurs fonds spécialisés dans l’achat de navires, la fuite des épargnants qui tournent le dos aux placements maritimes, et enfin un plan de restructuration drastique mené par celui qui fut le premier de la classe: HSH Nord Bank. « Pour notre branche, la crise n’est pas encore terminée, commente Burkhard Tesdorpf, du fond maritime Hanse Capital. En réalité, elle ne fait que commencer. »

Dernier coup de tonnerre en date, donc, les mesures présentées par HSH Nord Bank. Sauvé de la faillite à plusieurs reprises par l’État fédéral, l’institut était tenu de redresser la barre, sous la pression de Bruxelles. Résultat: 900 suppressions d’emplois supplémentaires et des coupes franches dans ses activités. Les crédits accordés aux armateurs seront réduits de 4 Md€ d’ici 2014, pour plafonner à 15 Md€ le portefeuille maritime.

Il faut dire qu’en plus des exigences de l’UE, la banque est plombée par une double exposition à la dette grecque avec 242 M€ prêtés à Athènes, et surtout 2,8 Md€ aux armateurs helléniques, dont certains n’arrivent plus à rembourser. « Mais cette situation est moins liée à la crise économique en Grèce qu’aux difficultés actuelles du secteur maritime », précise-t-on à Hambourg.

MISE SOUS PRESSION

HSH Nord Bank ferme donc le robinet, mais elle assure qu’elle emploiera la manière douce. Pas question de mettre sous pression les compagnies qui prennent l’eau. Du moins, pas pour l’instant. Car d’autres commencent à perdre patience. La Deutsche Schiffahrtsbank, par exemple, qui vient de contraindre certains mauvais payeurs à se débarrasser d’une partie de leur flotte pour rembourser leur prêt. Une décision qui inquiète les observateurs. Si ce mouvement s’amplifie, « les banques allemandes finiront par perdre leur influence sur le marché du financement maritime au bénéfice des Asiatiques », prévient Carsten Wiebers, directeur de la banque KfW Ipex.

De fait, les Chinois se sont déjà engouffrés dans la brèche: fin 2010, la China Developpement Bank a ainsi prêté 500 M€ à HSH Nord Bank. Et quelques mois plus tard, les deux établissements ont signé un accord pour « développer des projets communs ». Un premier pas vers le rachat de l’institut allemand? Ce dernier dément, mais les spéculations vont bon train.

En attendant, les banques chinoises n’en finissent plus de gagner des parts de marché. « Dans un contexte de restriction de crédit, l’arrivée des établissements asiatiques représente une vraie bulle d’oxygène », reconnaît-on à la fédération des armateurs allemands (VDR). L’argent n’a pas d’odeur: au début de l’été, Peter Döhle, l’un des plus importants armements germaniques, a commandé dix porte-conteneurs, financés à hauteur d’1 Md$ par… China Developpement Bank, décidément sur tous les fronts.

« Pendant que HSH Nord Bank, NordLB ou Deutsche Schiffahrtsbank sont empêtrés dans leurs problèmes, les Chinois, eux, grignotent du terrain », déplore un observateur.

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