Le Commissaire européen Joaquín Almunia a fortement mis en doute la compatibilité de la demande de recapitalisation de 223 M€ de SeaFrance au droit européen de la concurrence. La direction de SeaFrance se propose donc de modifier le dossier dans trois sens: convaincre Bruxelles de la viabilité de la compagnie à terme, placer les contributions propres de la compagnie à son redressement au moins au niveau de celles de l’État, et adopter des « mesures compensatoires » supplémentaires à la distorsion de concurrence apportée par l’injection d’argent frais.
Une mesure qui peut surprendre
La principale de ces mesures compensatoires serait la sortie de flotte du SeaFrance-Nord-Pas-de-Calais. Cela peut surprendre, quand on se souvient que ce navire fréteur a toujours été décrit comme une base de la rentabilité de la compagnie, du moins à ses meilleurs jours. Mais « quand on fait tourner les modèles, rétorque Vincent Launay, les trois car-ferries apportent les meilleures chances de succès grâce à l’apport du trafic passager ». Ce n’est pas tout. Les conditions d’armement seraient aussi modifiées. « Notre coefficient d’armement est de 2,73, quand les compagnies opérant dans notre environnement se situent peu au-dessus de 2, avec des rythmes 7/7 ou 14/14 », observe le directeur des opérations.
La réduction d’effectif serait de l’ordre de 200 salariés, après une première saignée de 725 postes prévue au NPI. Cette fois, le personnel hôtelier ne serait pas particulièrement visé. Toutes les catégories, à terre comme embarquées, seront passées au crible. Le directoire veut aller très vite. Des réunions de commissions paritaires sont prévues matin et soir pour aboutir à une architecture d’accord entre le 7 et le 13 juillet. La procédure des plans de sauvegarde de l’emploi suivrait alors, pour une conclusion espérée début septembre, et la présentation de ce plan modifié à la Commission. Celle-ci a promis de conclure très rapidement, « vu l’urgence du dossier », a commenté Amelia Torres, porte-parole, le 22 juin. Le redressement judiciaire doit s’achever le 28 octobre. Il ne peut y avoir continuation sans recapitalisation.
Les syndicats unanimement hostiles
Vincent Launay reconnaît une réaction unanimement hostile de tous les syndicats, de toutes les catégories de personnel. Quant à la CFDT, elle demande que « les pouvoirs publics tirent au plus vite les conclusions qui s’imposent et mettent une direction compétente à la tête de SeaFrance ». Le syndicat a toutefois « déconseillé » aux marins « révoltés » de cesser le travail, tout en préparant d’autres formes de ripostes.