« Aurons-nous les marins qui seront nécessaires? » Telle est la question qui a été posée par Adolfo Utor, président d’Anave, équivalent espagnol d’Armateurs de France, lors du discours de clôture de l’assemblée générale annuelle de cette organisation, qui s’est tenue le 21 juin à Madrid. Il a estimé que les compagnies espagnoles doivent rendre compatibles à la fois l’assurance de « conditions sociales et salariales adéquates » et le maintien de la compétitivité des navires sur les marchés mondiaux. Jusqu’ici, elles ont pu le faire grâce au Registre spécial des Canaries (REC) créé en 1992.
Cependant, le développement du REC a été freiné depuis 2004 par la législation qui empêche l’embauche de marins étrangers. Résultat, la flotte sous pavillon espagnol, désormais entièrement sous le régime du REC, a subi une diminution du nombre de navires de 28 % depuis 2005 tandis que les postes de travail ont baissé de 32 %. « Il est urgent de résoudre ce problème si nous voulons nous situer sur un plan équivalent à celui des autres pays européens et ainsi arrêter la saignée de la flotte sous pavillon espagnol », a déclaré Adolfo Utor. Anave souhaiterait revenir à la situation initiale antérieure aux dispositions de 2004. « Si on apporte de la sécurité juridique aux compagnies maritimes, celles-ci investiront et créeront de postes de travail », a déclaré récemment Manuel Carlier, directeur général de l’association à l’hebdomadaire spécialisé El Vigía.
Il est peu probable que les vœux d’Anave soient exaucés à court terme. À la pression des syndicats s’ajoute le fait que le programme de réformes du gouvernement socialiste espagnol ne prévoit pas de modification du REC. Par ailleurs, des élections législatives auront lieu au plus tard en mars 2012. Le parti populaire, donné gagnant dans tous les sondages, ne s’est pas exprimé récemment sur ce sujet. Cette situation va donc freiner le développement des opérateurs espagnols qui continueront à se développer sur leurs niches de trafic sans que puisse apparaître une compagnie compétitive au niveau international.
À l’occasion de l’assemblée générale, Anave a publié son annuaire qui inclut les dernières statistiques relatives à la flotte de commerce espagnole. Celle-ci comprend, au 1er janvier 2011, 233 navires (− 15 en un an), soit 4,3 Mtpl (− 0,3 %). La flotte sous pavillon espagnol (142 navires, − 10 en un an) a atteint 2,32 Mtpl (+ 10,2 %) tandis que celle sous pavillons étrangers (91 navires, − 5 en un an) a représenté 1,98 Mtpl (− 10,2 %).