Le 23 juin, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a annoncé que ses 28 membres ont décidé de mettre sur le marché jusqu’à 2 millions de barils de pétrole par jour sur une période initiale de 30 jours. Ces barils sont issus des stocks de réserves d’urgence respectives des pays membres de l’AIE. C’est la troisième fois depuis la création de l’AIE en 1973-1974 qu’une telle décision est prise. Les deux précédents ont eu lieu en 1991 lors de la guerre du Golfe, et en 2005 suite aux dégâts liés à l’ouragan Katrina en Louisiane. Mais cette fois-ci, les quantités sont beaucoup plus importantes, jusqu’à 60 millions de barils mis sur le marché en un mois. Cette période pourra être prolongée si nécessaire, précise le communiqué de l’AIE. Le jour même de l’annonce de l’AIE, les cours du pétrole brut ont fini à 90 $ à New York, en repli de 5 $, et à 107 $ à Londres en diminution de 7 $. En séance, les cours ont même atteint leur plus bas niveau depuis les mois de février et mai. L’AIE indique que sa décision a pour objectif de « compenser l’arrêt de la production de pétrole en Libye […], d’approvisionner les marchés avant la hausse de consommation saisonnière de l’été […] et de permettre un atterrissage en douceur de l’économie mondiale ». Cette dernière aurait montré des signes de ralentissement inquiétants ces derniers jours. Une baisse des prévisions de croissance et une hausse des inscriptions au chômage aux États-Unis ont été décelées. En Chine, la banque HSBC a relevé une activité manufacturière à son plus faible niveau depuis près d’un an. Pour les investisseurs, l’intervention de l’AIE a en tout cas été une véritable surprise. Certains estiment que l’AIE a plutôt voulu contrer le refus de l’Opep d’élever ses quotas de production pour ralentir l’augmentation des cours lors d’une réunion, le 8 juin, tenue sous la présidence tournante de l’Iran. Du côté des conséquences pour le transport maritime de produits pétroliers, cette annonce va avoir « un impact positif sur les coûts de soutage pour les propriétaires de navires », avance la lettre hebdomadaire du courtier maritime Barry Rogliano Salles (BRS) datée du 27 juin. « Mais une telle politique ne devrait pas avoir une grande influence ni sur l’évolution de la demande ni sur les taux de fret. » C’est principalement le secteur des Very Large Crude Carrier (VLCC) qui est concerné par cette décision de l’AIE, continue BRS. Or, « les espoirs d’un retour à la hausse sur ce secteur ont déjà disparu », souligne le courtier. Les taux apparaissent même en repli pour les VLCC et la situation n’est pas plus positive pour les Suezmax et les Aframax.
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60 millions de barils de plus sans effet sur les taux
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