Les travaux menés actuellement sur le canal de Panama, dont la fin est prévue pour 2014, ne devraient pas changer fondamentalement les routes maritimes. « Les travaux du canal de Panama ne sont pas réalisés pour les trafics de vracs secs ou liquides, mais principalement pour les lignes régulières conteneurisées », indique Sverre Svenning, directeur de recherche auprès du courtier Fearnleys. Les travaux actuellement entrepris sur le canal prévoient d’agrandir les écluses de cette voie maritime pour accueillir des navires de plus grande taille. Lors de l’annonce par les autorités du canal d’entreprendre ces travaux, les exportateurs de charbon de Colombie ont imaginé pouvoir bénéficier d’une route plus courte vers un de ses marchés, la Chine. Une vision mise à mal avec la crise économique de 2008. Les taux de fret des navires Capesize, utilisés de plus en plus par les exportateurs colombiens, sont tombés à des niveaux si bas qu’il est encore plus rentable économiquement d’emprunter la route du Cap de Bonne Espérance pour relier la Colombie et l’Asie. De plus, les travaux ne permettront pas aux navires de ce type d’emprunter la voie maritime. La Colombie est entrée ces dernières années sur le marché asiatique et exporte quelque 4 Mt sur les 165 Mt de charbon importées par la Chine pour compenser un marché européen atone.
Les navires dimensionnés pour le nouveau canal de Panama seront des unités de 90 000 tpl à 120 000 tpl avec des dimensions spécifiquement dessinées pour les écluses de cette voie maritime. « Ces navires sont difficiles à affréter pour le moment. Ils seront certainement utilisés uniquement pour des trafics du canal », indique un analyste. Les nouvelles dimensions du canal devraient principalement bénéficier aux navires de type post-Panamax pour du charbon en direction du Chili, du Mexique et du Pérou. La possibilité de voir le canal emprunté par des navires remplis de charbon ne se fera qu’à la condition de voir le marché des Capesizes revenir à des niveaux de 2007. Dans ces conditions, indiquent les analystes économiques, les navires de type post-Panamax pourront alors transporter du charbon depuis la Colombie vers le Japon et la Corée par le canal à des prix plus intéressants. Et la conclusion de Nigel Prentis jette un pavé dans la marre du vrac sec: « Les nouvelles dimensions du canal ne feront que créer une nouvelle catégorie de navires de vracs secs, poussant les navires Panamax vers une fin probable. »