« L’histoire de la SNRH n’a aucune relation avec le droit communautaire de la concurrence »

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Les arguments exposés par Yves Marchand dans son article sur « l’attitude discriminatoire de la France en faveur de la concurrence » paraissent totalement inadaptés à la situation de la SNRH et justifient le présent contradictoire.

L’histoire de la SNRH n’a aucune relation avec le droit communautaire de la concurrence: elle est née en 1999 de la volonté du directeur général du Port autonome du Havre, appuyé par le président du port et son conseil d’administration, qui ne voyaient plus que la concurrence comme moyen d’obtenir une baisse significative des tarifs du remorquage au port du Havre après les refus répétés de l’opérateur unique Abeilles, alors que les trafics des consortiums supprimaient l’escale du Havre au moment où se construisait l’ambitieux projet de Port 2000.

La SNRH s’est présentée comme une réponse à cette demande: à capitaux exclusivement nationaux, elle s’est appuyée sur une organisation du travail à bord des remorqueurs plus compétitive tout en respectant scrupuleusement le droit du travail maritime français. Évidemment, elle s’est affranchie de tous les suppléments de coûts empilés depuis des années dans le paquetage social des Abeilles.

Mi-1999, la SNRH a obtenu l’agrément du Port autonome du Havre pour démarrer ses activités après avoir fait valider par les Affaires maritimes son projet d’organisation du travail. Ce ne sont que des considérations purement politiques qui feront annuler, fin 1999, cet agrément sans aucune justification autre que la pression brutale exercée par la CGT des Abeilles auprès du ministre des Transports de l’époque. Simultanément, le directeur général du port sera limogé.

Après de nombreuses péripéties, la SNRH ne reçoit l’agrément que fin 2005 avec un actionnariat toujours à 100 % français: seule une coopération pour la location de coques de remorqueurs est alors conclue avec un grand armateur au remorquage néerlandais, pour pallier la défection des banques françaises lasses de voir enfin démarrer cette activité à laquelle elles avaient longtemps cru. Et c’est à peine un an après ce démarrage de la SNRH, sous contrôle totalement national, que le groupe Bourbon a décidé de vendre toutes ses activités de remorquage portuaire, en France métropolitaine, dans les DOM TOM et à l’étranger, entre autres à un armateur espagnol. Cette décision ne trouve pas sa raison d’être dans les prix compétitifs proposés par la SNRH, uniquement au Havre, d’ailleurs, mais bien dans le boom exceptionnel du taux des affrètements dans l’offshore suite à l’augmentation du prix du baril de pétrole: les investissements très importants immédiatement effectués par Bourbon dans ce secteur en sont la confirmation.

La CGT continue de décider

L’entrée par la suite du Néerlandais Kotug au capital de la SNRH, motivée par l’impossibilité pour ses actionnaires de lui payer les locations des coques, ne modifiera en rien la gouvernance de la société; et l’arrivée de deux armateurs européens dans le remorquage du Havre ne produira aucun changement au niveau de la concurrence qui restera purement française.

Aux Abeilles, la CGT continuera de décider et d’agir: refus d’adaptation de la flotte au nouveau marché, défense des avantages exorbitants acquis au fil du temps, contestation permanente du type d’organisation adoptée par le concurrent en y impliquant les autorités maritimes à tous les niveaux, agressions à l’égard du personnel de la SNRH et tentatives de noyautage de leur représentation, menace permanente de blocage immédiat de tous les ports français en cas de non-respect de leurs exigences… À titre indicatif, la SNRH fera plus de quinze recours auprès des tribunaux administratifs contre des interprétations tendancieuses de l’administration placée sous influence, et elle les gagnera tous.

Voilà le type de monopole que soutient, avec des références erronées à une pseudo-concurrence européenne, l’ancien président du Conseil supérieur de la marine marchande, à l’époque libéral convaincu, mais sans doute influencé depuis par l’avocat ayant dû conseiller un armateur au remorquage peu scrupuleux de la compétitivité de nos ports.

Ni les gouvernements successifs depuis 1999, et ils sont nombreux, ni les règles de la concurrence européenne n’ont joué un rôle déterminant dans cette démarche de concurrence voulue par les responsables de l’un de nos plus grands ports. La démarche d’Yves Marchand, basée sur des arguments fallacieux pour dénoncer une expérience de concurrence tentée par des dirigeants courageux, est néfaste car elle tend à renforcer dans leurs certitudes et leurs chasses gardées les trop nombreux monopoles qui gangrènent les activités dans nos ports et qui aujourd’hui encore se croient invulnérables dans un monde pourtant ouvert à la concurrence.

Le conseil d’administration de la SNRH

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