Une des grandes différences depuis le début des années 1980 vient de ce qu’aujourd’hui, ce sont les opérations en eaux profondes dans le golfe du Mexique qui domine l’industrie américaine. En 2009, plus de 400 puits en eaux profondes (à plus de 900 m) ont été forés. Pendant les deux décennies précédentes, aucun puits si profond n’a été entrepris. Depuis 2008, le nombre de plates-formes de production dans le golfe du Mexique dépasse celui des puits onshore et le long des côtes.
La sécurité et les aspects politiques autour de ces forages en eaux profondes dans le golfe du Mexique ont dominé les débats au cours de la dernière conférence de l’OTC. Un an plus tôt, l’éruption du puits de Macondo et la destruction de la plate-forme Deepwater-Horizon ont tué 11 personnes et ont entraîné une grave pollution le long des côtes américaines. Les autorités américaines ont répondu rapidement à ces sinistres en imposant un moratoire sur les plates-formes de plus de 500 pieds (150 m). Cette interdiction est partiellement levée, mais reste sujette à des conditions de sécurité contraignantes. Un changement qui ne ravit ni les environnementalistes ni le lobby pétrolier, pour des raisons différentes.
Lors d’une réunion, le président de BP America, Lamar McKay, a souligné que sa société a amélioré la sécurité et les procédures de gestion de crise, à la suite du sinistre de Deepwater-Horizon. Il a cependant rappelé que « les forages en eaux profondes demeurent indispensables pour l’énergie mondiale de demain ». Selon BP, ces puits interviendront pour 10 % de la production mondiale. Le glissement progressif vers les puits en eaux profondes va demander « des investissements dans de nouvelles technologies sans précédents », a ajouté Lamar McKay. Les opérations pétrolières se déroulent à des profondeurs de plus en plus importantes et dans des conditions géologiques plus difficiles. « BP partage l’opinion de l’industrie pétrolière considérant que les opérations à des profondeurs de 10 000 pieds à 12 000 pieds (de 3 000 m à 3 600 m) sont toujours sûres. »
Avec ces productions en eaux profondes, la demande en navire de type FPSO (Floating Production Storage and Offloading, unité flottante de production, stockage et de déchargement) et OSV (Offshore Support Vessel, navire de servitude), capables d’intervenir dans des eaux difficiles, va augmenter. Le marché des OSV, souffrant actuellement d’une surcapacité en raison du nombre de navires commandés avant la crise de 2008, doit atteindre un équilibre dans la seconde moitié de cette année. À moyen terme, ce rapport entre l’offre et la demande doit se tendre, amenant certainement une hausse des taux de fret, prédisent les analystes. Bourbon devrait bénéficier de cette hausse des taux de fret. Dans le milieu des années 2000, l’armateur français a annoncé 2 Md$ d’investissement dans les navires de servitude pour faire passer sa flotte de 407 à 600 navires en 2015. Selon les derniers chiffres publiés par Bourbon, la flotte de navires de soutien aux plates-formes (Platform Supply Vessel) de plus de 2 000 tpl et les AHTS (Anchor Handling Tug Supply) de plus de 10 000 CV totalisent aux alentours de 1 140 unités, avec quelque 283 livraisons attendues. De plus, ajoute le groupe Bourbon, la croissance du nombre d’unités de production en eaux profondes devrait entraîner une demande plus importante que l’offre. A contrario, les unités de production en eaux peu profondes devraient se stabiliser, souligne Bourbon, mais, l’âge croissant de la flotte de navires de servitude – dont 43 % des 1 774 navires ont plus de 25 ans – signifie qu’il y aura besoin de nouvelles unités dans les prochains mois.
La flotte de FPSO devrait croître de 7 % par an jusqu’en 2015
L’augmentation des puits en eaux profondes aura pour conséquence d’augmenter le nombre de FPSO. La flotte a atteint 332 unités à fin 2010 et devrait croître de 7 % par an jusqu’en 2015, selon le consultant ODS Petrodata. Interrogé lors de l’Offshore Technology Conference, le spécialiste de la conversion des unités FPSO, le groupe Keppel, a confirmé que le marché pour les nouvelles unités de production comme les FPSO, les FSU (Floating Storage Unit, unité de stockage flottante) et les FRSU (Floating Storage and Regasification Unit, unité de stockage et de regazéification) est actuellement en forte hausse. Le groupe singapourien a déjà emporté une dizaine de projets et espère en remporter autant de plus cette année. « Il existe un lien avec la hausse du prix du baril », a indiqué le directeur général des chantiers Keppel, Louis Chow. Le marché des FPSO a « commencé à revenir à la hausse » après avoir subi un ralentissement depuis 2008. « Les consommateurs ont intégré que le prix du baril ne descendrait pas en dessous de 80 $ le baril », approximativement le prix auquel la production en eaux profondes devient économiquement rentable…