La chute, jusqu’où? La question agite le monde maritime allemand, alors que l’un de ses fleurons n’en finit plus de sombrer. Jusqu’ici leader mondial du transport de marchandises de fort encombrement, Beluga ressemble désormais à une coquille vide. En proie à de graves difficultés financière et sous le coup d’une information judiciaire pour falsification de bilan, la compagnie est à présent privée de sa flotte.
En cause: plusieurs fonds maritimes propriétaires au total d’une cinquantaine de navires viennent de mettre fin aux contrats d’affrètement qui les liaient à l’opérateur, ce dernier n’étant plus en mesure d’honorer ses engagements. Résultat: Beluga doit fonctionner avec un armement réduit à vingt navires, contre 72 jusqu’ici.
« Nous avons davantage de marchandises à quai que de navires pour les transporter », déplore le porte-parole de la compagnie.
Une flotte en forme de peau de chagrin, et par ricochet des contrats qui s’envolent, aggravant encore davantage les problèmes de trésorerie: la compagnie est engluée dans une spirale infernale. Prise à la gorge, deux des principales filiales ont déjà dû déposer le bilan la semaine dernière. De source bancaire, la chute de l’ensemble du groupe ne serait désormais plus qu’une question de jours.
À l’origine de ces déboires: les malversations de l’ancienne direction. Elle est accusée d’avoir systématiquement maquillé les comptes afin de dissimuler des pertes abyssales, accumulées depuis 2009. Beluga, qui l’an dernier affichait officiellement un bénéfice de 20 M€, perdrait en réalité plusieurs centaines de millions d’euros. Le pot aux roses a été mis à jour à l’occasion d’une opération de refinancement menée par le fonds américain Oaktree, principal actionnaire de l’armateur.
Les malheurs de la compagnie fondée par Niels Stolberg font en tout cas le bonheur de Peter Döhle: l’armateur hambourgeois vient de faire main basse sur la plupart des cargos perdus par Beluga. Il se positionne ainsi comme l’un des nouveaux poids lourds du transport maritime de marchandises de gros volumes.