C’est la bonne surprise de cette fin d’hiver: HSH Nordbank, le numéro un mondial du financement maritime, sort la tête de l’eau avec un an d’avance sur ses prévisions. L’établissement qui avait enregistré de lourdes pertes ces deux dernières années finit l’exercice 2010 sur un bénéfice de 48 M€. « La banque est enfin sur la bonne voie, nos efforts commencent à payer », commente Dirk Jens Nonnenmacher, son président.
Plombée par une série d’investissements hasardeux sur des marchés à risque très éloignés de son cœur de métier, HSH Nordbank est passé à deux doigts de la faillite après la crise des subprimes. Recapitalisée à hauteur de 3 Md€, elle n’a dû son salut qu’à l’intervention de l’État fédéral et aux Länder de Hambourg et du Schlewig Holstein qui ont également apporté 30 Md€ de garanties.
Mais ces déboires ont laissé des traces sur l’institut. Pour refaire surface, la banque s’est engagée dans une sévère cure d’amaigrissement. Résultat: son portefeuille de crédits maritimes a quasiment fondu de moitié en l’espace de trois ans, passant de 42 Md€ à 24,4 Md€. Un volume dont Nordbank entend se contenter désormais. Après avoir ouvert en grand les vannes du crédit pendant les années fastes de la mondialisation, l’heure est à présent à la modestie. « L’an dernier, nous nous sommes montrés très sélectifs dans le choix des armateurs éligibles à un crédit », reconnaît Christian Buchholz, porte-parole de HSH Nordbank.
Reste que le retour des bénéfices devrait permettre d’infléchir cette position: l’argentier des mers envisage d’accorder 1,5 Md€ de nouveaux crédits cette année. « Nous voulons montrer au marché que nous sommes à nouveau là », poursuit le porte-parole.
Alors que la pression sur la flotte mondiale s’accentue, l’institut hambourgeois lorgne sur le segment des porte-conteneurs, qui représentent déjà 40 % de son portefeuille. Un créneau jugé plus porteur que celui des vraquiers et des tankers, où subsisteraient d’importants risques.
Ces bons résultats en tout cas ne changeront rien pour Dirk Jens Nonnenmacher: impliqué dans plusieurs scandales, le président de la banque devra quitter son poste d’ici la fin de l’année. Tous les regards se braquent désormais sur le Land de Hambourg: l’actionnaire principal avait évoqué le scénario d’une privatisation, une fois la banque redressée. Mais la récente victoire de l’opposition aux élections pourrait changer la donne. En cours de formation, le nouveau gouvernement n’a pas encore pris position sur ce sujet.