«Les résultats 2009-2010 ont certes été difficiles dans un contexte de crise économique. Mais le modèle choisi par l’entreprise est apparu solide, témoigne Jacques Boudet, président et CEO du groupe Geogas. Les navires ont été employés à 100 % pour le négoce de GPL. Nous avons été avantagés car Geogas est son propre affréteur. » Geogas transporte chaque année entre 4 Mt et 5 Mt de GPL, soit environ 10 % du marché mondial de GPL traité par voie maritime. Une part qui place le groupe Geogas parmi les premiers acteurs du secteur. La société a été fondée en 1979 pour faire du négoce de GPL par René Boudet, père de l’actuel dirigeant, suite à la perte de contrôle de Gazocean. La flotte de navires pour opérer ce négoce a été, dans les années 1980, affrétée à temps, soit entre 20 et 30 unités. Au début des années 1990, Geogas s’est constitué une flotte propre avec des navires de seconde main. Au début des années 2000, l’armement est entré en possession de cinq unités neuves: trois de 75 000 m3, une de 35 000 m3 et une de 22 000 m3. Une entité armatoriale proprement dite, baptisée Geogas Maritime, a été constituée pour gérer ces navires. Aujourd’hui, Geogas est donc à la fois un armateur, un transporteur maritime et l’un des principaux négociants mondiaux de GPL. Geogas Maritime gère une flotte propre d’une dizaine de navires, dont l’âge moyen s’élève à 7 ans. Ces derniers transportent quasi exclusivement du GPL et très rarement des gaz pétrochimiques. Cinq navires sont sous pavillon français (RIF), détaille Jacques Boudet, et les cinq autres maltais. Au total, 260 marins travaillent sur les navires de Geogas Maritime dont 64 officiers et cadets de nationalité française. L’armement utilise également des navires affrétés à temps avec option d’achat et d’autres encore affrétés au voyage. Le tonnage de ces navires varie de 3 000 m3 à 78 000 m3.
Deux unités neuves en 2010
Pour conserver sa flotte propre à un âge inférieur à 10 ans, Geogas Maritime a pris livraison de deux unités neuves en 2010, l’Astrid et le Forbin, d’un tonnage de 5 000 m3 chacune, construites par un chantier japonais. Dans le même temps, deux navires ont été vendus, le Loex (7 200 m3) et le Bougainville (5 000 m3). « Dans un contexte de surcapacité de la flotte, nous allons être à l’affût en 2011 pour acheter des navires, précise Jacques Boudet. Sachant que les prix des constructions neuves demeurent fermes du fait de carnets de commandes encore élevés datant d’avant 2008, et devraient le rester sans doute encore pendant 2 à 3 ans. C’est comme si les chantiers, malgré les commandes annulées ou différées, n’avaient pas encore complètement intégré la chute des commandes à venir, en particulier dans le domaine des tankers et des dry cargos. » Mais il y a aussi d’autres facteurs influençant les prix des navires, nuance aussitôt Jacques Boudet, comme la tendance à la hausse des matières premières, notamment l’acier. Le négoce de GPL se déroule sur deux types marchés pour Geogas. Tout d’abord, des niches régionales, indique Jacques Boudet, aux Caraïbes, sur les côtes Ouest et Est de l’Afrique, en Australie, Nouvelle Zélande et Océanie. « Geogas pratique aussi un négoce plus classique, ou plus traditionnel si l’on veut, en intercontinental, Méditerranée et Far East, alors c’est du négoce d’arbitrage », continue le président et CEO du groupe. L’objectif est d’approvisionner en GPL les différentes zones au meilleur prix. Le GPL peut être acheté à Houston, Abu Dhabi, Trinidad, au Nigeria, en Guinée équatoriale, en Australie, par exemple. L’achat puis la vente de GPL s’opèrent dans le cadre de contrats d’approvisionnement à long terme mais aussi sur le marché spot. Pour Geogas, les contrats d’approvisionnement à long terme sont majoritaires. En plus de la stratégie concernant la flotte, Geogas va chercher à investir en 2011 dans des installations de stockage dédiés au GPL, notamment en Afrique de l’Ouest.
L’utilisation du GPL
La consommation de GPL dans le monde peut être répartie en trois segments. Il est utilisé pour le chauffage, la cuisine et l’eau chaude dans les pays ne pouvant accéder au gaz naturel ou l’utiliser. Il peut se substituer au naphta en pétrochimie ou servir à différents usages industriels ou agricoles. Enfin, il peut servir pour la carburation. Le GPL est généré en produisant du pétrole ou obtenu à partir du gaz naturel. En Asie et en Europe, le GPL demeure fortement lié au pétrole tandis qu’aux États-Unis, il est beaucoup lié au gaz naturel. « Il faut noter que le GPL qui vient du gaz naturel est en train de voir son prix fortement diminuer dans la tendance baissière actuelle du gaz naturel », souligne Jacques Boudet.