Les armements souffrent toujours de la volatilité du marché

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L’été n’a pas été porteur de bonnes nouvelles. Si les taux de fret des navires de vracs secs ont progressé sur les premières semaines du troisième trimestre, la fin du trimestre s’est jouée sur une note plutôt pessimiste. Les résultats trimestriels des principaux armements attestent des difficultés du marché.

Plusieurs paramètres expliquent la situation des marchés du vrac sec. D’une part, les taux de fret ont reculé sur le marché du « spot ». « Pour le quatrième trimestre d’affilé, la baisse est estimée aux environs de 20 % en cumul sur cette période », note le rapport trimestriel de Norden. Sur le troisième trimestre, les navires de type Panamax ont perdu quelque 6 % quand les Handysize et Handymax perdent chacun 9 %. Une baisse des revenus qui prend sa source dans l’accroissement de la flotte de vraquiers. Les Capesize ont vu leur nombre s’accroître de 24 % quand les Panamax, les Handysize et les Handymax grossissent respectivement de 5 %, 15 % et 9 %. D’autre part, le marché est toujours soutenu par une demande, notamment en charbon, de la Chine et de l’Inde. L’empire du Milieu a importé 42 Mt de charbon au cours du troisième trimestre, soit une hausse de 9,2 % par rapport à l’année passée. L’Inde suit le même chemin avec 80 Mt à 100 Mt qui devraient entrer dans le pays au cours de l’année. Et dans ce dernier pays, les navires les plus actifs sur ce segment du charbon sont les panamax et les Handysize.

24 % de capesize en plus

Une demande qui augmente et une offre qui progresse aussi devrait se compenser. C’est sans compter sur la congestion portuaire dans les ports australiens et chinois. Le nombre de navires en attente devant les ports australiens de charbon et de minerais a augmenté de 6 % au cours de la période. Quant au déchargement dans le nord de la Chine, il est devenu difficile. Selon China Coal Ressource, en charge des ressources de charbon pour le pays, 200 navires ont patienté au large du port de Qinhuangdao le 31 octobre.

Ces conditions de marché devraient peser négativement sur les armements. Néanmoins, certains ont su tirer leur épingle du jeu en consolidant leur flotte sur le marché à moyen ou long terme, plutôt que de s’aventurer trop sur celui du marché du spot. Ainsi, parmi les grands noms du vrac sec, des sociétés comme Genco Shipping enregistrent une augmentation de 12 % de ses revenus sur les neuf premiers mois de l’année à 317,6 M$. Sur les trois mois de juillet à septembre, la hausse des revenus du groupe a été de 26 %, en renégociant une partie des chartes pour les petits navires. Le rachat des navires de Setaf Saget, classés parmi les navires de petite taille pour le groupe Genco, n’a pas apporté les résultats escomptés puisque les taux sont encore faibles sur ce segment. Cependant, la bonne tenue des taux de fret sur les navires de plus grande taille a permis de gommer cette contre performance. Norden est dans une situation équivalente avec une hausse de 31,3 % de ses revenus à 1,4 Md$ pour les neuf premiers mois de l’année. Une progression qui tient surtout à l’arrivée en flotte de nouveaux navires. À regarder les commentaires des principaux opérateurs de ce marché, le taux à la journée d’un navire se négocie généralement à 10 % en dessous des taux de 2009. Ce sont donc les armateurs dont la flotte a grossi qui ont su tirer profit de la croissance en 2010. Les armateurs dont la flotte s’est maintenue ont pour leur part vu leurs résultats diminuer. Ainsi, Excel Maritime qui a assuré la gestion de 47 navires sur les neufs premiers mois de cette année et de l’an passé, a vu ses rentrées financières s’atténuer en raison de la baisse du taux journalier de ses navires.

10 % de moins qu’en 2009

Dans ce contexte d’une année difficile, certains armateurs reportent une partie de leur trafic sur l’année prochaine. Toute l’assise de la filière des vracs secs dépend maintenant de la demande. Elle repose sur trois filières principales: les minerais, le charbon et les céréales qui représentent environ 2,3 Mdt transportées par an. Pour les minerais, les analystes économiques ne s’accordent pas sur la situation en 2011. D’un côté, en Inde, les analystes prévoient que le rebond des prix de l’acier entamé depuis le mois d’octobre devrait se prolonger sur le premier trimestre 2011 avec une demande de plus en plus forte de minerais. D’un autre côté, Michael Parker, chef de la division maritime à la banque Citi, reconnaît une croissance de la Chine qui pèsera sur le négoce des matières premières. Il relativise son propos en rappelant que la Chine veut aussi contrôler son inflation, ce qui pourrait se traduire concrètement par une réduction des importations de matières premières. En outre, l’entrée en flotte d’une capacité équivalente à 50 % de la flotte actuellement en service va jouer un rôle pervers sur le marché des vracs secs, et notamment des minerais. Pour le président de Cosco, armateur chinois, le marché des vracs secs devrait entrer dans une nouvelle phase de croissance avec une forte demande en acier. La Chine devrait importer plus de 600 Mt de minerais pour satisfaire sa demande.

2,7 Mdt de charbon pour la Chine

Dans le même chapitre optimiste, pour le dirigeant de Cosco, la consommation de charbon en Chine devrait atteindre 2,7 Mdt contre 1,8 Mdt cette année. Des données qui tiennent compte uniquement du charbon pour la sidérurgie sans prendre dans ces prévisions les effets d’un hiver plus ou moins rigoureux dans certaines régions du monde.

Enfin, les céréales devraient continuer de jouer un rôle déterminant dans les taux de fret des navires de type Panamax. Selon les premiers chiffres délivrés par AgRessources lors d’un colloque sur le marché international des céréales à Genève le 17 novembre, la production de blé devrait s’accroître lors de la prochaine récolte de 3,5 % à 661,5 Mt. L’Union européenne se stabiliserait aux alentours de 139,4 Mt alors que les anciennes républiques de l’URSS verraient leur récolte augmenter de 17 %. La Russie emporterait la majeure partie de cette augmentation avec une hausse de 27,5 % de ses ressources en blé à 52 Mt. Dans le même temps, le gouvernement de Moscou a annoncé vouloir continuer à limiter les exportations de blé pour reconstituer ses stocks depuis les incendies de 2010 qui ont ravagé une grande partie des récoltes et entamé sérieusement les stocks. Des prévisions qui devraient donc profiter aux ports de l’Union européenne et aussi aux armateurs, d’autant plus que les récoltes américaines seraient en baisse et celles d’Australie étales.

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