Le 25 octobre, les terminaux pétroliers de Fos Lavera sont entrés dans leur 29e jour consécutif de grève. Sur les rades de Fos et de Marseille, 76 navires au total sont en attente. Parmi eux sont dénombrés: 57 pétroliers, 12 gaziers et 7 chimiquiers. « Il y a actuellement plus de 3,8 Mt de pétrole en rade », a relevé Jean-Claude Terrier, directeur général du Grand port maritime de Marseille (GPMM), le 21 octobre, au cours d’une conférence de presse. « C’est un drame, une catastrophe. Avec les mouvements sociaux précédents, des clients sont déjà partis dans d’autres ports, à Sète, à Gênes, à Barcelone. Mais là, on va mourir. Les gens de la CGT se foutent de l’avenir du port. Le problème, ce n’est pas la retraite. C’est un mouvement contre la réforme portuaire », témoigne un courtier marseillais. Pour l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos (UMF), « chaque jour de grève qui passe coûte à l’ensemble du secteur maritime, que ce soient les agents maritimes, les transitaires, les manutentionnaires, les transporteurs, etc. » Au-delà de la situation dans la cité phocéenne et au GPMM, la CGPME met en garde: « Des centaines de milliers de petites et moyennes entreprises tournent au ralenti voire s’apprêtent à cesser leur activité, ce qui risque de pousser les plus fragiles à la faillite. » Même son de cloche au Medef, qui s’alarme « de la gravité de l’impact des perturbations actuelles sur l’économie ». Des voix s’élèvent donc de plus en plus nombreuses et de plus en plus alarmistes pour dénoncer la situation créée par les mouvements sociaux dans le secteur pétrolier et ailleurs. Aussi, au milieu de cette agitation, les réactions des armements pétroliers apparaissent bien sereines. « Nous ne sommes pas concernés car nous n’avons pas de navire au large de Fos », constate Mærsk Tankers. Il en va de même pour Euronav. Ce dernier assure également que « le blocage de navires au large de Fos-Marseille n’a pas d’impact sur le marché pour le moment. Cela réduit un peu le nombre de navires disponibles. Mais c’est dérisoire par rapport à l’ampleur de la flotte de tankers disponibles, non seulement la nôtre mais aussi celles de tous les autres armateurs ». Un autre armement reconnaît simplement: « Quand les navires attendent des jours et des jours au large, oui, il y a de l’argent qui manque. Mais surtout pour les clients spot. » Ces derniers supportent en effet un certain pourcentage des surestaries quand le temps d’attente dépasse la durée prévue dans le contrat. L’autre partie est supportée par l’affréteur ou directement par l’armateur. Il va falloir attendre encore un peu pour évaluer précisément les montants de ces sommes. La relative tranquillité des armements pétroliers tient peut-être aussi au fait que certains de leurs clients « ont senti les difficultés arriver à Marseille » dès la fin de l’été, affirme un affréteur. Des clients ont donc anticipé le blocage et réorganisé leur logistique pour éviter le GPMM. Dans ce cas, ils ont le plus souvent choisi de se réorienter vers les ports du range nord européen. Quelques-uns ont opté pour un report sine die de leurs affaires. Du coup, seuls ceux qui n’ont pas d’autre choix que de venir absolument au GPMM sont coincés au large de Fos. Le blocage des terminaux de Fos Lavera a donc pour l’heure principalement des conséquences négatives sur le port lui-même et les professionnels du secteur maritime phocéen, mais pas sur les armements dédiés au transport d’hydrocarbures. Ces derniers font partie de groupes diversifiés ou sont suffisamment solides pour faire face sans grande difficulté au fait que certains tankers soient à l’ancre au large d’un port français.
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Grève à Fos: un impact modéré pour les armements pétroliers
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