Les gendarmes du nucléaire (ASN) sont décidément des empêcheurs de tourner en rond. Une inspection organisée sur le terminal conteneurs du Môle Graveleau-Fos a été l’occasion de constater plusieurs infractions. Il s’agissait d’examiner l’organisation mise en place par le Grand Port maritime de Marseille pour le transit de matières radioactives. En provenance du Niger, le déchargement du Medcoa-Lome (Navitrans-Nordana) offrait un beau sujet d’étude pratique ce 9 juillet. À son bord, 32 conteneurs de type UN 2912 contenant de l’uranate (oxyde d’uranium) et à destination de l’usine de traitement de Comurhex-Malvesi (Areva) à Narbonne. Première surprise pour les représentants de l’Autorité de sûreté nucléaire accompagnés d’un inspecteur du Centre de sécurité des navires, l’équipage du navire, en grande majorité thaïlandais, n’avait pas l’air de savoir ce qu’il transportait, ni les mesures de protection qu’il fallait adopter. Suivant le rapport de l’ASN, « certaines informations réglementaires ne figuraient pas sur le conteneur en matière de marquage ».
Sur terre, c’était à peine mieux. « Si, globalement, l’organisation du port n’a pas soulevé de remarques majeures de la part des inspecteurs, des axes d’amélioration ont été identifiés comme, par exemple, la réalisation d’une formation de sensibilisation générale au personnel de manutention concernant la réglementation IMDG (code maritime international des marchandises dangereuses) et les risques associés à la classe 7 ou la mise en place de dispositions pour assurer un éloignement suffisant du personnel des conteneurs », décrit le même rapport. Traduction, si l’établissement public a effectivement pris les mesures appropriées, il semblerait que du côté de la manutention, on ait oublié les leçons des réglementations réduites à une simple fiche. Interrogés par les inspecteurs de l’ASN, « plusieurs manutentionnaires ont déclaré ne pas connaître précisément les risques associés à la manutention de colis de matières radioactives ».
Ainsi sur le navire, comme sur le quai, on ignorait les distances d’éloignement à observer. Quant au plan de prévention qui prévoit une information de différents services et organismes en cas d’urgence, les inspecteurs ont pu constater que l’Autorité de sûreté nucléaire ne figurait même pas sur cette liste. Le rapport adressé par l’ASN au commandant du port de Marseille-Fos est assorti de plusieurs recommandations impératives comme d’assurer une formation spécifique aux employés de la manutention, d’établir des relevés dosimétriques et que tout non-respect réglementaire à la réception de la cargaison lui soit immédiatement signalé.