Au cours de l’été, les armateurs spécialisés dans les vracs secs ont publié leurs résultats financiers sur les six premiers mois de l’année. Globalement, la situation financière s’améliore dans le secteur au regard des rapports d’armateurs comme Genco Shipping, Excel Maritime, Norden Shipping et Star Bulk. Le chiffre d’affaires des principaux opérateurs du secteur affiche une progression entre 5 % et 10 %, selon la structure de sa flotte. Seul Star Bulk, armateur détenant 12 navires, a subi une baisse de ses revenus sur le premier semestre. Il perd 23,5 % à 59,3 M$. Une tendance qu’il justifie en raison de la baisse sensible des taux de fret au premier semestre de cette année par rapport à l’an passé.
L’Ebitda de ces armements est cohérent avec les chiffres d’affaires. Ils progressent tous, à l’exception de celui de Star Bulk qui perd 102 %. La plus forte progression revient peut être à Norden Shipping avec une hausse de 346 % à 181 M$.
Parallèlement à ces chiffres financiers, les armements opérant dans les vracs secs publient un élément significatif de la performance de leur entreprise. Le TCE (Time Charter Équivalent) est le ratio entre les revenus nets des voyages réalisés par l’ensemble de la flotte opérée divisé par le nombre de jours sur la période. Cette donnée offre une estimation moyenne des gains par navire et par jour. Genco Shipping et Star Bulk affichent, sur le premier semestre, une baisse de TCE. Genco Shipping perd 2,17 % à 31 544 $ et Star Bulk diminue de 16,2 % à 27 291 $. À l’inverse, Excel Maritime gagne 12,5 % de son TCE à 24 254 $.
Ces différences entre les opérateurs tiennent aux caractéristiques des marchés. Sur les trois premiers mois de l’année, les différents marchés des vracs secs (capesize, handysize, handymax et panamax) ont tous été sur la même tendance atone. C’est à partir des mois d’avril et de mai que la tendance à la hausse s’est fait ressentir le plus fortement dans les capesize. En effet, sur les trois premiers mois de l’année, les négociations entre miniers et sidérurgistes ont traîné. Un temps d’attente qui s’est répercuté sur les frets. Avec la fin de ces négociations, le marché est tout de suite reparti à la hausse, notamment sur les minerais de fer et le charbon. Les sidérurgistes chinois ont décidé à fin mai/début juin de ralentir leurs importations. Les annonces gouvernementales de Pékin sur un tassement de la croissance ont joué sur les frets maritimes. Au mois de juillet, les importateurs chinois reconstituent leurs stocks. Ce rebond des indices de fret est intervenu alors que les taux ont atteint le niveau plancher d’avril 2009.
Les navires de taille inférieure, à l’image des handysize et panamax ont, pour leur part, enregistré des hausses moins sensibles sur le second trimestre, ils ont aussi mieux résisté lors de la baisse en juin.
Une fin d’année prometteuse
L’avenir s’annonce avec un vent arrière. Même un ralentissement de 10 % à 8 % de la croissance chinoise signifie qu’elle demeure sur une tendance de consommation, indiquent les analystes économiques. Plusieurs éléments plaident pour un rebond de la croissance sur la fin de l’année. En premier lieu, les incendies en Russie et la décision du gouvernement de conserver ses céréales pour la consommation intérieure devraient jouer sur le marché mondial notamment dans le secteur des navires de type handysize ou panamax. La sécheresse en Australie, qui a ravagé une partie de la récolte des grains, et la demande chinoise en pleine croissance seront des catalyseurs pour certains navires. Le retour des acheteurs chinois sur le marché du charbon et des minerais participeront à ce rebond. Chi Myunghwa, directeur du marketing de la division vracs chez Hanjin Shipping, a indiqué à Bloomberg que « la fin de l’année est très prometteuse dans les vracs secs ».
Seule incertitude toujours menaçante, l’arrivée d’une flotte neuve de navires, qui devaient venir inonder le marché des vracs secs dès les premiers mois de l’année. Selon le courtier Clarcksons, l’entrée en flotte de nouvelles unités a été de 39 % inférieur à ce qui était prévu. La flotte a quand même augmenté de 8,8 % sur les six premiers mois de l’année; un chiffre important, souligne le rapport de Norden. Ainsi, Excel Maritime a annoncé, le 4 août, avoir peut-être renoncé à l’acquisition de quatre navires de type capesize pour des raisons financières. Les changements de flotte des opérateurs se font surtout sur des navires d’occasion, retardant au plus tard l’arrivée de navires neufs pour éviter de déséquilibrer un marché encore fragile et largement dépendant des stratégies des chinois.