Les trois principaux armements japonais, K Line, NYK Logistics et Mitsui OSK Lines (MOL) publient leurs résultats à la fin du mois d'avril en raison du décalage de la date de clôture de leurs comptes financiers. Les autres armements asiatiques, comme Cosco ou China Shipping Container Line, closent leurs comptes à fin décembre et publient leurs résultats fin avril. Dès les premiers jours du printemps, les principaux armateurs asiatiques dévoilent leurs résultats sur l'année précédente.
En 2009, ces armements opérant tant dans les vracs sec et liquides que dans les diverses et notamment les conteneurs, affichent des résultats dans le rouge, sur l'ensemble de leurs activités (transport maritime, logistique, parfois terminaux et im- mobiliers). Les pertes varient, pour la plus faible à 27,7 %, et s'élèvent, pour la plus importante à 48 %. Tous ces armements qui affichaient des chiffres d'affaires à deux chiffres sont maintenant dans des proportions plus réduites. Ainsi, Cosco perd 48 % à 7,8 Md€, et K Line est sur la même tendance avec une diminution de 32 % à 7,1 Md€. Une baisse du chiffre d'affaires qui s'accompagne aussi d'une diminution de l'Ebitda (Earnings before interest, tax, depreciation and amortization). Les chutes sont plus vertigineuses avec des diminutions à trois chiffres. La plus importante revient à K Line qui perd 173 % et affiche un Ebitda négatif de 445 M€; vient ensuite Cosco avec une diminution de 144 % à 1,6 Md€; puis NYK Logistics qui rétrograde de 112,5 % à 1,2 Md€. Enfin, MOL conserve un Ebitda positif à 179 M€ mais accuse malgré tout un repli de 89 %.
Les stimuli des gouvernements
Dans leurs rapports annuels, les directions de ces armements appliquent la méthode Coué, « tout n'est pas si mauvais ». Dans les divisions vracs (qui regroupent généralement les vracs secs, liquides et le transport roulier), les difficultés du début de l'année 2009 ont vite été enrayées avec un retour de la croissance économique de certaines économies asiatiques, notamment chinoises, et d'autres continents comme l'Inde ou le Brésil. Chaque armement salue les initiatives des gouvernements pour stimuler la reprise économique. « Des stimuli qui ont permis d'éviter des pertes trop importantes dans ce secteur », note le rapport de Mitsui OSK Lines. Tous ces armements ont craint le pire dans les vracs secs avec l'arrivée de nouveaux navires sur le marché. Une vague qui n'a pas eu lieu, se réjouissent timidement les armateurs nippons. Au final, après la pluie le beau temps et les taux de fret ont enregistré une année fiscale (d'avril à mars) sur une tendance de hausse.
Dans le marché du pétrole, la faute des pertes revient aux économies développées. La demande de la Chine et des pays émergents a retrouvé des niveaux honorables quand, dans les économies développées, la demande recouvre difficilement ses niveaux précédents. De plus, l'entrée en service de nouveaux navires, même s'ils remplacent ceux à simple coque, n'a pas permis de rééquilibrer l'offre et la demande.
Enfin, sur le marché des conteneurs, les différents armements notent une dégradation substantielle des trafics. Tant les volumes que les taux de fret ont enregistré des diminutions. Dans chacune des divisions de ces armements, ainsi que pour China Shipping Container Line (CSCL), les chiffres ont entamé une plongée dans les abysses. Tous ont affiché en 2009 des résultats positifs à l'exception de MOL. En 2010, l'alignement se fait par le plancher et les résultats opérationnels varient entre des pertes équivalentes à 442 M€ pour le meilleur (NYK Logistics), jusqu'à 894 M€ pour le pire (Cosco) en passant par des pertes opérationnelles de 500 M€ pour K Line et MOL et de 658 M€ pour CSCL. Plusieurs raisons expliquent cette tendance. D'abord, la baisse des taux de fret et des volumes ont largement participé à cette dégringolade. La mise à l'ancre de certains navires n'a pas suffi. Les difficultés pour les armements de retrouver de nouveaux marchés et le maintien des coûts de gestion ont plombé les comptes. Des pertes qui doivent aussi être mises en parallèle avec un niveau du prix des soutes qui est tombé. Qu'auraient été ces comptes avec un niveau de prix des soutes équivalents à celui de 2008?
Les perspectives pour l'année à venir veulent gommer les difficultés des mois derniers. Tous espèrent revenir dans le noir. Dans un message délivré avec les résultats financiers, le groupe MOL explique la bonne tenue de ses résultats sur le conteneur. « Les taux de fret ont retrouvé de leur vigueur avec un meilleur équilibre entre l'offre et la demande. La baisse par rapport aux prévisions établies en janvier vient d'une baisse dans les vracs secs. À l'inverse, les prix des soutes demeurent à un niveau bas ce qui a permis d'améliorer le résultat opérationnel », note MOL. La reprise ne doit pas cacher un élément majeur: la gestion des navires mis à l'ancre dont le retour n'est pas prévu dans les prochaines semaines.