Le 25 mars, le candidat de la gauche, le communiste Dominique Bucchini, 67 ans, était élu président de l’Assemblée de Corse à la majorité relative. La carte politique de l’Île de Beauté changeait de couleur et l’espoir de camp. L’ancienne majorité de droite était cantonnée sur une ligne très libérale en matière maritime. La nouvelle assemblée corse penche pour donner « la priorité à la défense et l’amélioration du service public ». Dans ses déclarations, son président annonce qu’il faut commencer par « une nécessaire remise à plat du système de continuité territoriale ». Pour l’instant, il attend le rapport de la mission parlementaire, en particulier sur le dispositif d’aide sociale. « De mon point de vue, la première décision consiste à ne pas signer de convention avec la Moby Line, la seconde consiste à délibérer pour ne pas reconduire celle qui lie la collectivité corse à la Corsica Ferries ».
Pour la première fois, les collectivités de deux régions riveraines, PACA et Corse, partagent le même camp et les mêmes convictions. Leurs présidents ont déjà adressé une lettre commune à Dominique Bussereau, secrétaire d’État en charge des Transports pour demander "un moratoire au niveau d’une concurrence déjà très vive, cela dans l’attente des propositions qui seront faites par la mission parlementaire, puis débattues au sein de l’Assemblée territoriale de Corse".
Autre changement de ton, lors de la grève des navigants CGT de la SNCM et de la CMN début avril contre l’arrivée de l’italien Moby Lines sur Toulon, Dominique Bucchini et Paul Giacobbi (président de l’Exécutif) ont assuré d’une « grande identité de vue » la délégation de marins à Ajaccio qu’ils recevaient.
Conséquence de ce changement d’étiquette, la présidence de l’Office des transports de Corse exercée par Antoine Sindali (maire de Corte) prend fin.
Le nom de Paul-Marie Bartoli, maire de Propriano, est le plus souvent avancé pour lui succéder à la tête de cet établissement qui gère les subventions accordées par l’État au titre de la continuité.
Les acteurs en présence
Société Nationale Corse Méditerranée
Pavillon: français 1er registre
Création: 1969 (en fait 1850 sous le nom de Compagnie de Navigation Mixte ou 1948 sous le nom de Compagnie Générale Transatlantique)
Siège: Marseille
Actionnaires: Groupe Veolia (66 %), État (25 %), salariés (9 %)
Effectifs: plus de 2000 personnes dont 1 409 navigants (chiffres 2007)
CA: 305 M€ (compris la dotation de continuité 72 M€)
Flotte au départ de Marseille et Nice: 9 navires (sur 10) Trafic 2009: 917 399 pax et 811 363 mètres linéaires de fret.
Service: plusieurs liaisons par jour avec Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio, Propriano, Île Rousse et Calvi
Compagnie méridionale de navigation (CMN)
Pavillon: français 1er registre
Création: 1931
Siège: Marseille
Actionnaires: Stef TFE et SNCM (45 %)
Effectifs: 440 personnes dont 322 marins
CA: 87,3 M€ (compris la dotation de continuité 29,3 M€)
Flotte au départ de Marseille: 3 navires
Trafic 2009: 222 102 pax et 726 km de fret
Corsica Ferries
Pavillon: Italien
Création: 1968
Siège social: Bastia
Actionnaire: Groupe Lota Maritime
CA 2008: 196 M€ dont 18 M€ de dotation passager social
Flotte au départ de Nice et Toulon: 7 navires (sur 14)
Trafic 2009: 1,87 million pax depuis le seul continent français (Nice et Toulon), 2,67 millions avec les départs d’Italie
Service: sept lignes entre la Corse et le continent français, jusqu’à 5 rotations par jour
Moby Line France
Pavillon: italien
Création: 1985
Siège: Bastia (Milan pour le groupe)
Actionnaire: Famille Onorato
Effectifs: équipage 63 + 80 salariés sur Bastia (sur un total de 1 100 salariés)
CA prévisionnel: 20 M€ (276 M€ pour le groupe)
Flotte au départ de Toulon: 1 navire (sur 24)
Trafic espéré en 2009: 200 000 pax
Service: 4 rotations par semaine au départ de Toulon