Le groupe DHL est surtout connu dans le monde des transports pour son activité de plis et petits colis. Depuis son rachat par la Deutsche Post, le groupe n'a pas cessé de grandir. Au fur et à mesure des années, des commissionnaires comme Danzas, AEI et Exel sont venus grossir les rangs du groupe. Aujourd'hui, les opérations de commission de transport aériennes et maritimes sont regroupées dans la division de DHL Global Forwarding.
« Dans le monde, DHL Global Forwarding représente un trafic annuel d'environ 2,9 MEVP et 2 millions de m3 de groupage maritime. En France, nous traitons, en moyenne, quelque 200 000 EVP par an, soit près de 10 % du trafic mondial du groupe », indique Simon Roy, directeur maritime France du groupe. Un volume qui ne peut laisser les responsables du groupe insensibles au marché français. « Dans notre organisation, la France est un pays clé pour le transport maritime », continue le directeur maritime France.
Au cours des mois passés, le commissionnaire en transport a vécu, comme ses confrères, des moments difficiles. L'année 2009 et les effets de la crise économique mondiale sur les transports ont joué un rôle important. L'année a connu deux périodes distinctes.
La première, pendant le premier semestre, s'est déroulée « par navigation à vue et dans un environnement plein d'interrogations. » La baisse des importations, notamment depuis l'Asie, a incité les armateurs à courir pour trouver du volume. L'inquiétude générale sur la situation économique a conduit à une baisse des volumes. Les taux de fret maritimes ont alors rapidement piqué du nez.
Changement de cap
La seconde partie de l'année a démarré au mois de juillet et a duré jusqu'en décembre. « À cette époque, les compagnies maritimes ont commencé à revoir leurs calculs. Elles se sont rendu compte qu'elles couraient au désastre. Elles ont rapidement changé de cap », analyse le directeur maritime France. Simon Roy comprend cette attitude. « Il ne fallait pas perdre des majors du secteur à cause de la crise ». C'est à partir de ce moment qu'elles ont décidé de réduire leurs capacités et d'enrayer la baisse des taux. Dans cette période de « rattrapage », le monde maritime a vécu des heures épiques. D'abord, les armements ont envoyé à leurs clients des augmentations de taux. « Les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces annonces ont été parfois rapides », souligne le directeur maritime France de DHL Global Forwarding. En effet, les armements ont donné des délais courts pour faire accepter ces augmentations tarifaires. De plus, de nouvelles surcharges sont apparues sans que les clients des compagnies maritimes ne soient prévenus.
« Avec la fin des conférences maritimes, les lignes directrices de ces augmentations tarifaires ont disparu. Nous avons dû faire face à de nombreuses annonces dans des conditions difficiles. Certains armements ont été plus respectueux que d'autres envers leurs clients », se souvient Simon Roy. Dans ce contexte difficile, les opérationnels ont dû faire preuve de réactivité. Il a été difficile de suivre le marché au plus près de ses évolutions. « Notre stratégie a été de respecter au mieux nos engagements vis-à-vis de nos clients malgré les hausses demandées par les armateurs. » En pratique il s'est agi de travailler selon le type de relation que DHL Global Forwarding entretient avec son client. Dans certains cas, les commerciaux de DHL sont retournés voir leurs clients pour tenter de renégocier des hausses tarifaires. Pour les boîtes traitées au cas par cas, les augmentations tarifaires ont été appliquées avec plus ou moins de rigueur.
« Globalement, nous avons dû revoir tous nos clients pour expliquer la situation. Nos interlocuteurs ont été surpris mais nous leur avons apporté des éléments sur le marché pour les convaincre du bien fondé de ces mesures. » Au final, si certaines relations ont enregistré des hausses plus faibles que d'autres, les hausses tarifaires sont passées.
Au mois de décembre, la reprise s'est accélérée. « Cette envolée du marché a de nouveau modifié l'attitude des armateurs, qui ont annoncé de nouvelles augmentations des taux de fret jusqu'au nouvel en chinois », continue Simon Roy. DHL Global Forwarding a réussi à limiter l'impact de ces augmentations grâce à sa stratégie « Core Carriers ». « En effet, nos partenariats privilégiés avec les principales compagnies maritimes nous permettent notamment de bénéficier d'espaces réservés et de taux préférentiels. »
Sur l'ensemble de l'année 2010, les perspectives sont plus difficiles. Les taux ont été réévalués. La principale inconnue reste les capacités offertes par les armements. « Les compagnies gèrent la capacité en fonction des taux de fret. Le marché devient plus rentable. Cette hausse ne signifie pas d'un retour d'une rentabilité dans les niveaux que nous avons enregistré ces dernières années. » Ce regain d'activité devrait « remettre de la concurrence », indique le directeur maritime France.
principaux armateurs
Dans de nombreux secteurs, la crise économique a fortement secoué les bases de certaines compagnies. DHL Global Forwarding continue dans le même cadre que précédemment. La stratégie du groupe consiste à développer des partenariats avec les principaux opérateurs maritimes mondiaux. Ces accords ne sont toutefois pas exclusifs. « Sur des trades particuliers, nous avons la possibilité de travailler avec des armements locaux ou des opérateurs de niche », explique Simon Roy. Une position qui se retrouve par exemple pour la desserte des DOM TOM.
Attendre de voir les effets de la réforme portuaire
Autre sujet de questionnement pour DHL Global Forwarding : la réforme portuaire initiée en 2008. « Nous avons constaté une volonté des ports de se réorganiser dans un sens plus logique : maintenant, nous attendons de voir comment cela va se passer. »
Les récentes intempéries et mouvements sociaux qui ont parfois secoué les ports français ont suscité quelques inquiétudes chez certains clients étrangers.
Mais parfois le problème n'est pas venu de la mer, mais plutôt de la terre. Ainsi, sur le port du Havre, les temps d'attentes pour sortir les conteneurs ont parfois été très longs.
« Notre stratégie pour pallier à ces situations a alors été de beaucoup communiquer auprès de ces clients. »
Le pari du fluvial
Les mois passés ont sans doute été parmi les plus difficiles de la dernière décennie. La reprise amorcée depuis le mois de décembre devrait se concrétiser sur les prochains trimestres. DHL Global Forwarding mise sur ce développement.
« Nous allons continuer notre développement maritime, en particulier sur le groupage. Nous comptons également fortement sur notre nouveau produit ISC (International Supply Chain), une solution logistique complète et intégrée conçue pour apporter de la valeur à tout ou partie de la supply chain de nos clients », explique Simon Roy.
En France, le groupe met aussi l'accent sur l'environnement. « Nos clients nous demandent d'intégrer l'aspect environnemental. » La réponse est toute trouvée en favorisant le fluvial et le ferroviaire. Le groupe a créé des équipes dédiées à ces modes de transport. « Cette priorité environnementale de nos clients fait partie de la stratégie du groupe. Nous misons sur le fleuve et le fer dans nos pré et post-acheminements. »
Métropole et DOM TOM
Présent sur le marché métropolitain, DHL Global Forwarding s'est aussi développé dans les DOM TOM. À Nouméa, Papeete, Guyane, Guadeloupe et La Réunion, la division du groupe Deutsche Post est présente en propre. À la Martinique, le groupe travaille avec un partenaire. Sur La Réunion, DHL Global Forwarding prévoit de renforcer sa présence. « Les DOM TOM représente un marché très important pour nous. Nous avons, par exemple, envoyé récemment un collaborateur à la Réunion pour développer nos relations commerciales avec les opérateurs de l'île », indique Simon Roy. Sur ces marchés, le groupe travaille sur des conteneurs complets et du groupage principalement à l'export (depuis la Métropole vers les DOM TOM).