Comme d'autres grands groupes espagnols, Vicente Boluda s'est endetté pour financer ses opérations d'investissement et de croissance externe, notamment le rachat de la société Les Abeilles en 2007 pour 270 M¤. En décembre 2008, l'ensemble de la dette de BCM (393 M¤) a fait l'objet d'un accord de restructuration avec les banques. Le groupe estime désormais être en mesure de réaliser les objectifs du plan stratégique 2008-2018.
Le remorquage, le métier initial du groupe, continue à être la principale division de Boluda et représente 40 % du chiffre d'affaires. Dans cette activité, il n'y a eu qu'une seule cession : une participation minoritaire dans Renave, la société en charge du remorquage dans le port de Tarragone. Avec une flotte de plus de 200 navires, le groupe est présent également en France, en Afrique et en Amérique latine.
Second rôle du groupe, le transport maritime réalisé par la division Boluda Lines. En mai dernier, le groupe a présenté la restructuration de sa flotte et de ses lignes avec, comme objectif principal, de développer le trafic avec les Canaries, l'Afrique occidentale et l'Italie. Dans ce segment il n'y a eu, pour l'instant, qu'une seule fermeture, celle de la ligne entre Alicante et les Baléares.
Le dispositif prévoit quatre connexions entre la péninsule et l'archipel des Canaries. L'une d'elles comporte une extension vers Gênes et Livourne depuis le port de Valence. En décembre, un service conjoint péninsule-Canaries a été lancé avec une autre compagnie de Valence, Nisa Maritima. Boluda Lines assure un service hebdomadaire entre Barcelone d'une part, et Las Palmas et Tenerife d'autre part avec une escale à Valence. À cela s'ajoutent deux lignes vers l'Afrique depuis Las Palmas (Dakar-Nouadhibou et Nouakchott-Agadir). Ce port joue le rôle de hub.
La réorganisation de la stratégie maritime a eu un impact également dans la manutention. La division Boluda Terminales Maritimas (BTM) n'a réalisé jusqu'ici qu'un désengagement : la cession de la participation de 50 % dans le terminal d'Alicante, TMS, au profit du groupe de construction OHL qui détenait les 50 % restants.
En revanche, Vicente Boluda s'est renforcé aux Canaries. En novembre, le groupe a annoncé avoir accru de 45 000 m2 la superficie du terminal de La Luz dans le port de Las Palmas, qui atteint désormais 165 000 m2. La ligne de quai a été également augmentée de 300 mètres. Le terminal est désormais en mesure de traiter 450 000 EVP par an, contre 300 000 auparavant.
Cette extension est d'autant plus nécessaire qu'en 2009, le groupe a ravi à un autre opérateur Opcsa, le contrat pour le trafic de transbordement du consortium Saecs entre l'Afrique du Sud et le nord de l'Europe. Autrement dit, les conteneurs de compagnies telles que Maersk, Safmarnine, MOL et DAL : environ 75 000 boîtes par an. Boluda a également gagné le trafic de transbordement de voitures et de biens d'équipement lourds (bulldozer, tracteurs, etc.) du service de NYK entre les États-Unis (Cap Cannaveral et Willintong) et trois pays d'Afrique occidentale : Bénin (Cotonou), Togo (Lomé) et Nigeria (Lagos). La première escale a été réalisée le 13 juin.
En novembre, la société Contenemar, confrontée à une grave crise financière, a cédé 40 000 m2 dans le port de Las Palmas à BTM qui renforce ainsi sa présence. La division manutention est présente également dans deux autres terminaux de l'archipel : Terminal Marítima de Fuerteventura et Capsa à Tenerife ; ainsi que dans les ports de Séville (UTE Batan), Dakar (Cedem) et en Mauritanie (Marcc International).
Si la crise frappe durement le secteur maritime espagnol, le groupe Boluda en sortira à coup sûr renforcé. Le pari sur les Canaries, aussi bien au niveau du transport maritime que de la manutention, pourrait s'avérer particulièrement judicieux à terme. Le cas de Vicente Boluda montre qu'il ne faut pas avoir une vision catastrophiste de la crise économique espagnole et que certains acteurs locaux sont déterminés à renforcer leur présence internationale.