Le 5 octobre, un député conservateur canadien a déposé une proposition de loi au Parlement pour renommer le Passage du Nord-Ouest, « Passage du Nord-Ouest canadien ». Fait rare, ce geste a été unanimement approuvé par l'opposition. À moins de deux mois du sommet de Copenhague, les Canadiens posent un geste fort. S'il marque leur intérêt croissant pour l'Arctique, il devrait compliquer les relations avec l'Union européenne, les États-Unis et la Russie qui considèrent ce passage comme une zone internationale. Depuis quelques années, Ottawa multiplie les démonstrations de souveraineté dans le Grand Nord. Particulièrement actifs cette année, les Canadiens ont mené plusieurs missions scientifiques et militaires. « Soit nous occupons le territoire (arctique), soit nous le perdons », a déclaré par le passé le premier ministre canadien Stephen Harper. Outre les richesses minérales des régions polaires, Ottawa s'intéresse au Passage du Nord-Ouest. Le rapport 2009 du Conseil de l'Arctique sur la navigation maritime dans les mers polaires souligne que la distance Rotterdam-Yokohama par le canal de Suez est de l'ordre de 11 200 miles, alors qu'elle n'est plus que de 6 500 miles via le Passage du Nord-Ouest. L'organisme rappelle cependant qu'« actuellement, il n'y a pas de cargos qui transitent régulièrement par le Passage... Pour la partie arctique du Canada, le Passage du Nord-Ouest ne devrait pas être une route rentable avant 2020 ». Tant l'ampleur réelle de la navigation maritime que des changements climatiques dans la zone arctique demeurent méconnus.
Les rapports sont contradictoires. Le professeur de droit international Michael Byers, de l'université de Colombie-britannique, confie que le Pôle devra être réglementé pour ne pas être un «Far West ». Outre les accords internationaux, le rayonnement du Passage du Nord-ouest dépendra de la vitesse de la fonte des glaces, du prix des ressources naturelles et de la vitesse à laquelle la Chine deviendra une nation maritime.