P & O Ferries, qui connaît un regain de forme sur un marché déprimé grâce à la disponibilité de sa flotte, prendra livraison fin 2010 et 2011 de deux navires de 212 m de long et 180 ensembles routiers de capacité, un changement d'échelle sur cette route. Les deux navires sont en construction à Rauma, en Finlande, chez STX Europe. Une adaptation des postes à quai à Douvres et Calais sera nécessaire. Avec ce changement de capacité, nul ne sait aujourd'hui quelle sera la configuration de flotte de P & O Ferries dans deux ans. Mais on imagine mal l'opérateur maintenir six navires ou plus sur le détroit.
Le hubport de Boulogne, déjà en place avec une passerelle polyvalente, sera pleinement opérationnel avec deux passerelles en 2010. LD Lines prend l'option - mais est-elle définitive ? - d'aligner le Norman-Spirit, un ferry classique, l'ancien Prins Filip de RMT, le mois prochain, en lieu et place du Norman-Arrow, transféré sur la route Le Havre-Portsmouth. Le motif avancé est un manque de capacité sur la nouvelle route Boulogne-Douvres. Christophe Santoni, directeur général de LD Lines indique que le Norman-Arrow a transporté 29000 passagers en août sur la ligne, soit 1 % du marché du détroit, mais qu'il ne peut répondre à la demande de fret. De plus, la passerelle deux ponts est mal adaptée aux hauteurs des ponts du Norman-Arrow, qui ne peut dès lors charger et décharger à la cadence souhaitable.
Nouveau venu, Euroferries a ouvert les réservations sur son site internet le 8 octobre, et annonce l'ouverture au 14 novembre sur la route Ramsgate-Boulogne. Il aligne un Incat 90 de Fred Olsen, le Bonanza-Express. Le navire accueille 720 passagers et jusqu'à 220 voitures mais accepte aussi les cars. Quatre traversées par jour sont prévues. La traversée durera 75 minutes. Un service touristique de bus Ramsgate-Londres est proposé. Un second navire est recherché pour 2010. Le service avait déjà été annoncé pour le 31 mars.
Du 11 septembre 2008 à mi-février Eurotunnel a fonctionné en marche dégradée, suite à un incendie. Depuis, le lien fixe peine à retrouver ses trafics. Par exemple, le routier néerlandais Nedexco, un client fret frigorifique très exigeant, a signé chez Norfolkline sur Dunkerque-Douvres pour trois ans. Norfolkline ne perd d'ailleurs que 5 % de trafic fret en 2009, alors que le marché recule de 19 %.
Restent deux points d'interrogation supplémentaires. Le marché repartira-t-il de l'avant au tempo d'antan ? Le fret, désormais l'essentiel des recettes des compagnies, a progressé de 5 % par an en moyenne. Quid de l'avenir de SeaFrance ? L'armement français, avec trois car ferries récents et un fréteur encore relativement efficace, n'est pas si mal placé, sous condition d'une recapitalisation, et d'un accord social réel. Le tout, sous la surveillance de Bruxelles et des concurrents.
Le marché à fin août
Le détroit, de Dunkerque à Boulogne a vu transiter :
- 14,7 millions de passagers en 2009 à fin août, en baisse de 8,2 % (- 10,2 % sur 2007).
- 3,39 millions de véhicules de tourisme. Eurotunnel reste leader avec 39 % de parts de marché, devant P & O Ferries 27,5 % environ, SeaFrance 14 % en baisse, et 20 % pour les autres opérateurs, Norfolkline essentiellement, en forte progression.
- 2,02 millions de poids lourds, dont 37,7 % pour P & O Ferries, en forte progression, 23,5 % pour Eurotunnel, sanctionné pour ses mois d'absence et de service dégradé, près de 22 % pour SeaFrance, concentré sur ce marché, et 17 % pour les autres, essentiellement Norfolkline, qui progresse de 3,5 % en deux ans.