Baisse prolongée de la demande de gaz

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Les représentants des pays producteurs et consommateurs ont participé à la conférence mondiale sur le gaz, tenue à Buenos Aires du 5 au 9 octobre.

La crise économique a particulièrement affecté le marché du gaz. « Il est probablement trop tard pour éviter que cette année devienne la première à connaître une contraction de la demande mondiale de gaz depuis plus d'un demi-siècle », a déclaré Tan Sri Hassan Marican, directeur général de la compagnie publique malaisienne Petronas. En outre, les prix du gaz naturel devraient rester sous pression l'an prochain car l'offre arrive et la demande reste faible, a indiqué Faisal Al-Suwaidi, directeur général de Qatargas Operating Co, après 2015, le marché restera tendu, car la demande augmentera mais l'offre se stabilisera. Les prix spot, supérieurs à 22 M$ par unité britannique thermale en été 2008, sont tombés à 5 $ à la suite de la récession économique qui a ralenti la demande.

D'après Antonio Brufau, directeur général de Repsol (Espagne), l'offre mondiale de gaz naturel sera excédentaire jusqu'en 2013, ce qui pourrait inciter les compagnies énergétiques publiques à délibérément restreindre sa fourniture pour faire monter les prix. L'Algérie a vendu 10 % de gaz en moins qu'en 2008 et réduit la production de gaz naturel, a indiqué à la presse son ministre du pétrole Chakib Khelil. « Les prix du gaz et du pétrole ne sont plus liés, a-t-il ajouté, nous pensons que cette situation durera au moins jusqu'à la fin de 2010 et peut-être après ».

Jean-François Cirelli, vice-président de GDF Suez, a demandé aux producteurs de gaz d'être plus accommodants sur la tarification, si l'actuelle divergence entre les prix des contrats de longue durée, alignés sur ceux du pétrole, et le marché spot persiste. « S'ils ne veulent pas de modification (de leurs politiques tarifaires), alors nous aurons affaire à une question de volumes ». Selon lui, la faiblesse des prix spot du gaz a déjà réduit les investissements dans les nouvelles capacités de production, malgré les besoins de capitaux sur dix ans pour satisfaire la demande mondiale croissante de gaz.

De son côté, Christophe de Margerie, président-directeur général de Total a mis en garde contre les tentatives de renégocier les contrats de longue durée de fourniture de gaz, quand les prix sont bas, car elles affecteront l'investissement. La grande différence de prix entre le pétrole et le gaz naturel a en effet suscité des appels à de nouvelles tarifications de la part de consommateurs dans les pays où les contrats d'approvisionnement de longue durée sont liés au pétrole.

La baisse des importations du Japon et de la Corée du Sud a été compensée cette année par la hausse de celles de l'Inde et de la Chine. Plusieurs intervenants ont souligné que l'offre de gaz devrait excéder la demande pendant encore quelques années, jusqu'à la réalisation de nouveaux projets en Russie, en Indonésie et au Qatar. À ce propos, Faisal Al-Suwaidi (Qatargas) estime que les prix vont rebondir à terme : « Il ne faut pas se contenter de vérifier les prix sur son écran chaque jour, nous devons accepter le fait que les prix vont fluctuer dans les 30 et 40 prochaines années ».

Aux États-Unis, la chute des prix du gaz naturel au premier semestre a ralenti la production, qui devrait baisser de 3,8 % en 2010, d'après l'Agence américaine sur l'information énergétique qui recommande la reprise rapide des forages pour satisfaire la demande. « Le gaz naturel est devenu si bon marché, que les producteurs d'électricité préfèrent alimenter leurs centrales thermiques en gaz plutôt qu'en charbon », a indiqué son représentant Richard Newell. L'augmentation rapide de la production de gaz de schiste aux États-Unis, depuis 2006, a surpris les acteurs du marché mondial du gaz, qui s'attendaient à ce qu'ils deviennent un gros importateur de gaz transporté par mer.

Réduction de CO2

La production mondiale de gaz naturel devra augmenter de 70 % en vingt ans pour réduire suffisamment vite les émissions de CO2 et éviter les pires conséquences sur le réchauffement climatique.

Telle est la conclusion d'une étude rendue publique à la conférence de Buenos Aires par l'International Gas Union (IGU), dont les membres assurent 95 % de la production mondiale de gaz. La demande de gaz passera de 2,8 Md m3 par an aujourd'hui à 4,8 Md m3 en 2 030. L'IGU préconise notamment l'emploi du gaz naturel pour remplacer le charbon et le recours aux énergies solaire et éolienne, mais qui dépendent des conditions météorologiques. En 2030, la part des énergies renouvelables représentera 26 % de la demande mondiale, celle du charbon 14 % et celle du gaz 28 % (contre 21 % aujourd'hui). Or l'emploi du gaz dans la production d'électricité devra prendre en compte la taxe des émissions de carbone, qui risque de doubler le coût de production par rapport à l'emploi du charbon. En outre, s'y ajoutent des facteurs non économiques. « Les plus grandes contraintes que nous rencontrons sont d'ordre géopolitique et ne peuvent se résoudre au niveau national, a déclaré Ernesto Anadon, président de l'IGU, nous avons besoin d'accords internationaux et de solutions internationales ».

Selon l'IGU, les émissions de CO2 de tous types de combustibles devraient passer de 30 Mdt aujourd'hui à 27,2 Mdt en 2030, mais, en l'absence d'un accord international sur leur réduction, elles se monteraient alors à 41,6 Mdt dans une vingtaine d'années. Enfin, les experts présents à la conférence de Buenos Aires ont reconnu que le désir de nombreux pays importateurs, notamment européens, de recourir davantage au gaz naturel pour satisfaire leurs besoins énergétiques a été contrecarré ces dernières années par les interruptions inattendues des approvisionnements russes.

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