Au mois de septembre 2008, l'indice Baltic Freight Index s'est écroulé. Après des mois de croissance jamais atteinte, la chute a été vertigineuse. Sur les premiers mois de 2009, cet indice a repris des couleurs. Il est reparti à la hausse. Selon les rapports annuels de quelques armements de vracs secs, cette tendance est principalement liée aux « stimuli lancés par le gouvernement chinois au début de l'année. Cette politique a donné une nouvelle dynamique dans les infrastructures impliquant une augmentation de la demande des matières premières. »
Torm Lines, armateur danois, confirme cette position. Les taux de fret ont doublé au second trimestre grâce à la demande d'acier de la Chine. Les importations de minerais ont augmenté de 30 % au cours des trois derniers mois. Une position que l'armement Dryships confirme. « Les derniers mois ont montré une hausse dans les vracs secs pour revenir à des niveaux sains. » Jean-Bernard Raoust, président directeur général de la société de courtage BRS à Paris relativise. Les niveaux de fret des derniers mois ne sont qu'un retour à la situation de 2002 et 2003.
Michaël Bodouroglou, président de Paragon Shipping, a annoncé une nouvelle fois une progression de son résultat pour le second trimestre de l'année. « Ce résultat a été meilleur que celui de 2008 », continue le président de l'armement alors qu'au printemps 2008, les taux de fret des vracs secs étaient à des niveaux jamais atteints.
13 756 $/j pour des Panamax
Même son de corne de brume du côté de Dryships qui explique les performances de l'armement par un taux d'utilisation des navires de 87 % en 2009 et 2010, « à des taux de fret intéressants. » La division vracs secs de l'armement Torm n'affiche pas de tels résultats. Même si les taux de fret ont augmenté, le TCE (Time charter Equivalent Earnings, correspondant aux revenus bruts d'affrètement moins les coûts pour soutes, commissions et frais portuaires) a perdu 73 % à 13 756 $/j au premier semestre pour une flotte de navires de type Panamax. Ce chiffre est de 36 833 $/j pour la flotte de Paragon Shipping composée de navires de type Panamax, handymax et supramax. Dryships affiche un TCE de 28 458 $/j avec une flotte de Capesize, Panamax et Supramax. Excel Maritime, armement basé en Grèce, affiche un niveau de TCE de 21 559 $/j au premier semestre, en baisse de 40 % par rapport à l'an passé. Sa flotte est principalement constituée de navires de type Capesize, Kansarmax (navires de 80 000 tpl dimensionnés au port de Guinée Équatoriale Kansar), Panamax et Handymax.
Enfin, la division vracs secs du groupe Bourbon confirme cette évolution avec une baisse de 54 % de son chiffre d'affaires. Au final, tous les armements souffrent d'une diminution de leurs revenus par navires. Ces revenus moyens des navires mettent en évidence les difficultés des armateurs à financer des navires achetés à des prix exorbitants.
Une flotte de 434,3 M tpl
Et demain ? la situation à venir dépend largement de l'arrivée de nouveaux navires sur le marché. En janvier 2009, quelque 73 M tpl étaient en ordre auprès des chantiers navals. Il y a eu 15,1 M tpl livrés dans les six premiers mois mais le volume des commandes est tombé à 65 M tpl. Selon les chiffres de marché donnés par Excel Maritime, quelque 6,7 M tpl ont été démolies. La flotte actuelle en opération est de 434,3 M tpl. Les carnets de commande connus, intégrant les annulations de navires de ces derniers mois, s'élèvent à 51,3 M tpl pour 2009, 109,6 m tpl pour 2010 et 124,5 M tpl pour les années 2011 et ultérieurement. La surcapacité est quasi certaine selon bon nombre d'observateurs. « Nous ne sommes pas optimistes pour les prochains mois », nous a confié Jean-Bernard Raoust en faisant allusion aux carnets de commande des vraquiers. Des armements affichent une certaine sérénité pour les prochains mois, à l'image de Top Ships. Ce dernier annonce un taux d'occupation de sa flotte à 80 % jusqu'à la fin de 2011.
D'autres affirment avoir conclu des contrats leur garantissant 98 % de leur flotte. Ces armements tablent sur des résultats quasi stables au second semestre. La situation du premier semestre devrait perdurer sur les derniers mois de 2009. Une position que le groupe Bourbon confirme pour sa division vracs avec, cependant, un bémol. « La demande de transport, le rythme des livraisons des nouveaux navires et le taux constaté des démolitions seront les éléments clés de l'évolution », conclut le groupe français. Une prévision que les armements grecs n'abordent pas dans leurs rapports semestriels.