Les armateurs veulent favoriser le ferraillage

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L'assemblée générale de l'organisation des armateurs européens qui s'est tenue à Paris le 26 juin, a officialisé le changement de présidence. Philippe Louis-Dreyfus passe le relais à Marnix van Overklift. Il travaille dans le groupe Seatrade, armement basé à Groningen, depuis 1973.

Cette assemblée a permis de peindre un tableau des principaux sujets de préoccupation actuelle. Et la crise maritime est revenue au devant de la scène. « L'afflux de nouveaux navires sur le marché doit faire l'objet d'une régulation », a souligné Philippe Louis-Dreyfus. L'ancien président de l'Ecsa a rappelé qu'un navire ancien coûte plus cher qu'un navire récent en maintenance et en consommation. « Que devons nous faire ? Devons nous laisser le marché s'autoréguler ou demander aux États d'intervenir ? » L'ancien président des armateurs européens souhaite que cette solution vienne avant tout des armements eux-mêmes. « Le président que je fus pendant deux ans n'a pas eu le support des armateurs européens et des États. Nous avons eu les premières discussions mais elles doivent évoluer », a continué Philippe Louis-Dreyfus. Le laisser-faire par les armements ne suffira pas, selon le précédent président de l'Ecsa. Il est donc devenu nécessaire de faire entrer le politique dans ce processus. « Les armateurs doivent proposer cette solution qui sera reprise ensuite par les autorités politiques qui feront intervenir les autres composantes du secteur comme les chantiers », a indiqué Philippe Louis-Dreyfus. L'urgence est de mise puisque dans le vrac et le conteneur la surcapacité est estimée, dans les prochaines années aux environs de 50 % à 70 %. « Ce sera un bain de sang », a souligné Marnix Van Overklift.

Clarifier les lignes directrices

Outre les effets de la crise, le dossier sur les aides d'État n'a pas évolué dans un sens favorable. « Nous souhaitons une clarification et une prolongation des lignes directrices européennes », a demandé l'ancien président de l'Ecsa. L'association des armateurs demande une prolongation des lignes actuelles avec une clarification sur certains points. Ainsi, la distinction faite entre navires de servitude et navires de transport n'est pas judicieuse selon eux. « Ce sont toujours des marins qui dirigent les navires même si le but de la navigation est différent. » Les révisions intervenantes au cours des années ne militent pas en faveur d'une stabilité de ce secteur. Les armateurs demandent de la stabilité pour sécuriser leurs investissements.

Parallèlement à ces deux dossiers, d'autres ont apporté des satisfactions au cours du mandat de Philippe Louis-Dreyfus. Au premier chef de ces dossiers apparaît celui sur le transport maritime à courte distance (TMCD). Un concept qui a gagné les esprits en Europe pour pallier des soucis environnementaux. La volonté politique demeure.

Ne pas inverser la tendance avec une réglementation trop lourde

Des inquiétudes se font jour malgré tout. « Il ne faut pas que l'environnement vienne impacter lourdement ces développements », a plaidé le président de l'Ecsa. La montée des préoccupations écologiques, avec notamment les derniers résultats des élections au Parlement européen, ne doit pas obérer les avancées. Une réglementation trop contraignante sur ce dossier comme par exemple une limitation des soutes utilisées dans certaines zones européennes pourrait avoir un effet inverse, reporter de la mer vers la route une partie de trafic. Et l'ancien président de l'Ecsa a continué sur les négociations climatiques. Aucune solution n'a encore été trouvée. Il existe de nombreuses alternatives pour appliquer au maritime la réduction des gaz à effet de serre : les instruments de marché, une taxe ou un fonds de compensation. « Notre industrie est purement internationale. Dans ce sens nous avons besoin d'une réponse internationale qui vienne de l'OMI », a plaidé Philippe Louis-Dreyfus. Il a aussi rappelé les évolutions faites par le maritime pour une meilleure prise en compte de ces préoccupations. « Nous avons largement contribué à ce combat. Entre un ancien porte-conteneurs et le dernier sorti de chez Mærsk comme l'Emma-Mærsk, la consommation de CO2 et de Nox par EVP a largement baissé. »

Enfin, les différents entre les chargeurs et les armateurs sur les règles de la Cnudci ont aussi été abordées. Marnix Van Overklift a appelé à la raison sur ce dossier. « Nous avons besoin de règles internationales sur ce sujet. Nous avons déjà trouvé un premier compromis qu'il faut maintenant appliquer sous peine de voir les grands pays maritimes, Europe, États-Unis, Chine et Japon appliquer des normes locales qui seront encore plus difficiles à gérer au quotidien. Appliquons d'abord ces règles et nous les adapterons en fonction des besoins ensuite. »

Marnix Van Overklift

Marnix van Overklift a été élu le 26 juin, président de l'Ecsa pour deux ans. Il succède à ce poste à Philippe Louis-Dreyfus. Issu d'une famille d'armateurs, âgé de 62 ans, il travaille pour le groupe Seatrade depuis 1973. Outre son mandat à l'Ecsa, Marnix Van Overklift assume plusieurs autrs fonctions électives. Il est vice-président de l'association des armateurs néerlandais (KVNR), membre du comité Benelux du Lloyds Register, et membre du comité de direction du P&I Club Skuld. Le poste de vice-président de l'Ecsa est revenu à Juan Riva Francos, président directeur général du groupe Suardiaz et aussi président d'Anave, association des armateurs espagnols.

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