Depuis le début du mois de mai, les armements publient leurs résultats financiers pour le premier trimestre de l'année civile. Les prévisions annoncées lors de la publication des chiffres de fin d'année se confirment. L'année démarre mal avec des baisses.
Le 12 mai, Mærsk Line a confirmé les premiers signes de la récession donnés la semaine dernière. Les volumes transportés accusent un repli de 14 % et les taux de fret ont un retard de 24 %. La récession économique mondiale est bien évidemment la cause majeure de cette faible performance. Et pour rester sur le vieux continent, Hapag-Lloyd affiche des diminutions sur tous les postes avec un chiffre d'affaires qui perd 23 % à 1,1 Md¤, une baisse de volume transporté 15 % et des taux de fret qui diminuent de 15 %.
Le son du tocsin sonne à l'identique sur tous les continents. En Asie, la holding de l'armement APL, n'est guère mieux lotie. Le chiffre d'affaires du groupe baisse de 36 % à 1,5 Md$. Les pertes nettes dégringolent à 245 M$, contre un profit de 121 M$ l'année précédente. « Les résultats sont en ligne avec nos prévisions annoncées le 16 avril », a rassuré Ronald D. Widdows, président-directeur général du groupe. S'agissant plus précisément du marché de la conteneurisation, la division accuse une perte de 36 % à 1,3 Md$ pour un volume transporté en baisse de 27 % à 962 000 EVP. Le chiffre d'affaires par EQP a baissé de 16 % sur cette période. Seul élément positif dans ce flot de mauvaises nouvelles, le nombre de conteneurs transportés par semaine augmente depuis le 6 mars. Sur les deux premiers mois de l'année, APL a transporté en moyenne 32 600 EQP. Depuis le mois de mars, le volume reprend et la moyenne s'établit à 38 888 EQP.
La division conteneurs de Cosco suit cette tendance. Le chiffre d'affaires enregistre une diminution de 56,3 % à 4,2 Md RMB (465 M¤). L'analyse par route maritime montre les difficultés rencontrées sur les relations entre l'Europe et l'Asie. Les volumes ont perdu 34,7 % à 237 000 EVP alors que le chiffre d'affaires de cette même route perd 71 % à 1,08 Md RMB (117M¤). Le revenu par EVP de cette route accuse le plus fort repli avec une perte de 55,5 % à 4 568 RMB (496,20 ¤). Sur le Transpacifique, le nombre de conteneurs transporté a perdu 31,8 % à 220 000 EVP et le chiffre d'affaires de cette ligne diminue de 46,3 % à 1,5 M RMB (172,4 M¤). Avec un revenu de 7 214 RMB/EVP (783,68 ¤), les liaisons entre l'Asie et les États-Unis demeurent les plus rentables du groupe.
Une perte de 55,5 % sur la route Europe-Asie
Dans ce tsunami de mauvaises nouvelles, un armateur se détache. Le groupe malais Misc (Malaysia International Shipping Company) affiche sur le premier trimestre de l'année civile (correspondant au dernier trimestre de son année fiscale), une augmentation de ses revenus de 13,2 %. En excluant les recettes des ventes de navire, cette performance est nuancée. En effet, le groupe a enregistré une diminution de 68,5 % de son bénéfice à 225,4 M RM (47,1M¤). « Un chiffre tiré vers le bas par la division conteneurs », note le rapport préliminaire pour les trois mois.
Les raisons de ces pertes dans le monde des lignes conteneurisées maritimes sont attribuées à la récession économique mondiale. Chacun cherche des solutions pour pallier le manque à gagner. Les hausses des taux de fret décidées par les armateurs ne semblent pas toujours se faire sentir sur le chiffre d'affaires. Certains ont même décidé de les reporter. « Rien ne sert d'appliquer des hausses quand nous avons du mal à remplir les navires », rappellent les armateurs. L'autre variable sur laquelle les compagnies interviennent sont les coûts. China Shipping Container Line a réussi à économiser 580 000 $, une diminution de 11,6 % par rapport à l'année dernière. Tous les postes des coûts opérationnels sont surveillés à la loupe pour couper court à toute dépense inutile.
Dans ce contexte difficile, les prévisions pour les prochains mois ne sont guère plus optimistes. L'unanimité fait loi et tous annoncent des résultats inférieurs à 2008, voire dans le rouge. « Au cours des prochains mois, la situation économique ne devrait pas s'améliorer. De nombreuses incertitudes demeurent sur l'évolution des taux de fret, les volumes transportés, la parité du dollar avec les autres monnaies et le prix des soutes », indiquent à l'unisson les armements pour expliquer leurs prochains mauvais résultats.