Corsica Ferries tire des bords vers le fret

Article réservé aux abonnés

En dix ans, le trafic passagers sur la Corse a pratiquement doublé. Cette extraordinaire vague sur laquelle la Corsica Ferries a surfé pour devenir le n° 1, va-t-elle retomber en 2009 ? Sur le premier trimestre, le ressac a été de -10 %. Il a affecté toutes les compagnies. Paradoxalement, les réservations estivales ont connu un grand succès, mais elles ont été arrachées à coup de super-promotions. L'optimisme conduit Pierre Mattéi, directeur général de Corsica Ferries, à espérer un trafic 2009 au moins égal à celui de l'année précédente. Or, c'est au moment du reflux que les deux principaux concurrents de la desserte Corse, accroissent leur capacité en alignant chacun un nouveau navire : le Mega-Express-V pour l'armement de Bastia et le Jean-Nicoli pour la SNCM.

20 % du fret sur la Corse

Dans ce contexte, décidant de tirer un bord vers le fret, Pierre Mattéi a indiqué clairement lors de la présentation de sa dernière unité à Toulon qu'il comptait sur la marchandise roulante pour amortir l'effet de la crise. La compagnie bastiaise en a besoin. Elle a terminé 2008 avec un chiffre d'affaires « stable » de 200 M¤ (y compris la compensation de 16 M¤ au titre du tarif social), mais un « léger déficit » dont le chiffre n'a pas été précisé.

L'armateur à la tête de Maure expliquait, il y a quatre ans encore, qu'il n'était pas outillé pour le secteur du fret. Aujourd'hui, il a su capter près de 20 % du roulant entre le continent français et l'île de Beauté, enfonçant un nouveau coin dans la place marseillaise. Sur le quai toulonnais, la trentaine de remorques à l'enseigne de Leclerc (qui s'est récemment implanté sur l'île de Beauté) en attente d'embarquement confirme le fait. Comment réussit-il à prendre des parts de marché sur ce secteur ? « Il casse les prix », confie un concurrent marseillais. Quoi qu'il en soit, Corsica Ferries pèse aujourd'hui un tiers du fret du port de Bastia qui représente lui-même les deux tiers du fret de l'île de Beauté.

Avec Strade Blu, dans la bataille du roro

La bataille du fret, l'armement bastiais entend aussi et surtout la mener en Italie. Le rachat en octobre dernier de Strade Blu par Lozali (société holding de Lota Maritime) fait partie du dispositif. Une transaction dont le montant échappe à Pierre Mattéi. Le siège de cette petite compagnie italienne (25 M¤ d'activités et trois navires roro) a été aussitôt transféré de Gênes Voltri à Savone Vado, la base italienne de la Sardina Ferries, filiale du groupe Lota. De là, elle vient d'ajouter, depuis le 15 avril, une nouvelle ligne sur la Sardaigne (Olbia) aux services sur la Sicile et les îles qu'elle opérait traditionnellement. « Les perspectives de croissance résident dans le fret », confirme Pierre Mattéi tout en précisant qu'il entendait se renforcer « sur les marchés que nous connaissons bien : la Corse, la Sardaigne et l'Italie. Notre métier n'est pas d'aller ailleurs »,

Avec 17 navires (dont les trois de Strade Blu) dont quatre désormais alignés sur Toulon, la Corsica Ferries ne se met-elle pas en danger ? « Depuis le début de notre aventure, j'entends cette question. La rentabilité d'un navire supplémentaire ne se mesure pas sur un an, mais sur deux ou trois. Dès notre installation sur Toulon, en 2000, nous avions établi que quatre navires, deux départs de nuit et deux départs de jour, seraient nécessaires pour une desserte optimale entre Toulon et la Corse. Aujourd'hui, nous tenons cette promesse. »

Mega Express V, investissement de 75 M¤

Le groupe Lota Maritime compte 1 400 salariés dont 1 150 navigants presque tous italiens (seulement une dizaine de contrats ENIM dont un capitaine et un chef mécanicien). Comme les autres unités de la flotte, le Mega-Express-V bat pavillon transalpin. Voulue par la Corsica Ferries Il y a trois ans alors que les chantiers navals affichaient complet, sa gestation a été longue et compliquée. La transformation du navire (ex-Phoenix-Express) racheté au japonais JRTT, a demandé deux ans de travaux menés en Sicile (Palumbo) puis à Gênes, sous l'égide technique de VShip Monaco. Aligné principalement sur la ligne Bastia Toulon, le Mega-Express-V (1 800 passagers et 560 véhicules) est comme neuf. Coût total de l'opération 75 M¤, cure de jouvence comprise. En rejoignant sur Toulon le Mega-Smeralda (60 M¤) mis en service il y a quelques mois, il permet de porter l'offre totale de la Corsica Ferries à 7 millions de places entre la Corse et le continent. L'an dernier, elle avait transporté 2 482 000 passagers sur la Corse, soit 60 % de parts de marché et une hausse de trafic de 5,6 %.

Compagnies

Shipping

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15