Norden est actif dans deux segments: le vrac sec et le pétrole. Le groupe a réalisé, en 2008, un chiffre d’affaires consolidé en hausse de 44,8 % à 4,2 Md$. La marge brute a, pour sa part, été malmenée au cours des douze mois passés. L’Ebitda a perdu 5,9 % à 505,7 M$. Les coûts d’exploitation ont augmenté de 56,2 %. Une tendance qui tient principalement au prix des soutes pendant l’année. L’analyse par secteurs est plus mitigée.
Records pour les vracs secs
L’activité des vracs secs a été caractérisée par les records. Si au printemps, l’indice du Baltic affichait un de ses plus hauts niveaux, il a plongé en décembre sous les planchers de 2002, au plus fort de la précédente crise économique. Selon les dirigeants de l’armement, la Chine a joué un rôle prédominant dans le secteur du vrac sec. Après avoir enregistré des taux de croissance de sa production industrielle aux environs de 14 % sur les trois premiers trimestres, l’Empire du Milieu a ralenti le rythme pour atteindre 5 % sur le dernier quart de l’année. Le même schéma s’est dessiné dans les trafics de minerais, avec toutefois un redémarrage de l’activité en décembre. Parallèlement à ce contexte économique, la flotte de vraquiers a augmenté de 6,5 % en 2008. Certes, les plus vieux navires sont partis à la ferraille mais le carnet de commande des chantiers est plein. « En raison de la crise financière et des difficultés à trouver des financements, des incertitudes demeurent sur la livraison de certains navires », indique le rapport annuel de l’armement. Dans ces conditions, le résultat opérationnel de la division vracs secs a perdu 9 % à 455 M$, en raison également de la volatilité des taux de change. Cette perte sur le quatrième trimestre est due à quatre facteurs. En premier lieu, le report de certains transports alors que d’autres ont été purement et simplement annulés. Une opération qui a coûté 50 M$ à l’armement. De plus, la baisse de 90 % des taux de fret a affecté le résultat opérationnel. En outre, Norden a misé sur les FFA (Forward Freights Agreements) au détriment d’une couverture réelle sur ses navires Panamax. Un pari qui a entraîné une perte due à la baisse du marché. Enfin, la faillite d’un client en octobre a fait perdre quelque 9 M$ à l’armement.
Couvrir la flotte
En 2008, Norden a commandé huit navires et a signé un affrètement longue durée sur deux navires. Des opérations introduites avant la crise économique. « À la lumière du marché actuel, ces navires n’auraient pas dû être commandés », indique le rapport annuel. En fin d’année dernière, l’armement gérait 142 navires, contre 200 au cours de l’année. « Nous avons réduit de 60 % le nombre de navires en rendant aux armateurs les navires que nous affrétions. Nous avons repris des chartes-parties moins chères », continue le rapport annuel. Au vu d’un contexte économique 2009 difficile, l’armement a signé des contrats pour couvrir une partie de sa flotte. Au total, 34 000 navires jours sur la période 2008-2013 sont prévus. Il s’agit de contrats avec des importateurs de charbon en Asie,et notamment l’acheminement de 15 Mt sur Taïwan sur 15 ans.
Un EBITDA en hausse de 26 %
L’année a été moins difficile pour le marché du transport de vracs liquides. La hausse du prix des soutes et l’arrivée de nouveaux navires auraient pu avoir un effet négatif sur les résultats, mais Norden a réussi à tirer son épingle du jeu. Avec un EBITDA en hausse de 26 %, à 67 M$, le département tankers de l’armement dépasse son record. En 2008, le marché des vracs liquides a également été marqué par une volatilité liée à des éléments conjoncturels, à l’image du cyclone Ike. En effet, ce dernier a incité les États-Unis à importer massivement des produits raffinés pour pallier le manque de capacité de leur raffinerie dans le golfe du Mexique. À l’est de Suez, la croissance a encore une fois été menée par la Chine. Si le marché a réussi à se tenir au second semestre, malgré la crise économique mondiale, il a su conserver la confiance des opérateurs. Dans ce contexte, Norden a su se préserver des secousses économiques du secteur en affectant une part importante de sa flotte sur le marché « spot ». L’an passé, l’armement a étendu l’accord avec Interorient Navigation. Il concerne désormais les navires du type Long Range tout en étendant la flotte de ce pool sur les navires de type Medium Range et Handysize.
Un œil sur les négociations de minerais et de charbon
L’année 2008 s’est achevée sur une note pessimiste. « Des incertitudes demeurent dans les deux divisions de Norden. » Sur le vrac sec, l’armement estime que les taux de fret actuels, qui demeurent à des niveaux bas, devraient rester sur cette tendance pendant les prochains mois. Au 1er mars, Norden dispose d’une couverture de 101 % de ses 31 056 navires jours. Le nombre de navires jours devrait augmenter selon les affrètements au voyage, mais au final, 2009 sera inférieure à 2008. Et c’est du côté de la Chine que l’armement se tourne encore une fois. Norden garde un œil attentif sur les négociations actuelles sur les contrats annuels de minerais et de charbon. L’inconnu de l’équation réside dans le ferraillage des navires. La flotte doit progresser entre 7 % et 9 % et sera régulée par le nombre de navires envoyés à la déconstruction.
Concernant les vracs liquides, les taux de fret devraient connaître une diminution liée à l’augmentation de la flotte mondiale et à la baisse de la demande. Certains événements pourraient résoudre cette pression sur les taux de fret comme ce fut le cas les années précédentes. Des grèves, des catastrophes naturelles ou des conflits politiques de certains pays pourraient relancer la demande. Le taux de couverture de la flotte est de 35 % au 1er mars. L’armement espère atteindre 40 % à 50 %. Les conditions économiques ne sont guère optimistes, l’IEA (International Energy Association) table sur une diminution de 1,1 % en 2009.