Le 6 novembre, le Norman-Voyager a effectué sa première traversée entre Le Havre et Portsmouth. L’arrivée dans la flotte de ce navire permet à l’armement de proposer deux allers et retours par jour entre les deux ports. Le week end, le Norman-Voyager change d’affectation et prend la direction de Rosslare (Irlande). Il quitte le port normand le samedi à 0 h 00 pour arriver à Rosslare à 21 h 30. Il effectue le voyage retour le dimanche à 01 h 00 pour une arrivée au Havre à 22 h 00 et réintégré les rotations sur la Grande-Bretagne. Sur l’Irlande, LD Lines dispose d’un premier « fond de cale » constitué de voitures neuves Peugeot et Renault. « À raison de 400 voitures par passage complété par des poids lourds, cette rotation atteindra son point d’équilibre financier », explique Christophe Santoni, directeur général de LD Lines.
Appartenant à l’armement britannique Epic, le Norman-Voyager est affrété par Louis Dreyfus Armateurs.Il peut accueillir 800 passagers, 200 voitures et 120 poids lourds. Équipe de 110 cabines, il est avant tout, selon Pierre Géhanne, directeur général de Louis Dreyfus Armateurs, un fréteur. Son arrivée sur cette ligne a été l’occasion pour l’armement de faire un point sur le futur des lignes Transmanche. « Nous avons commencé il y a trois ans en reprenant cette ligne entre Le Havre et Portsmouth. Aujourd’hui nous réfléchissons à étendre notre activité », a indiqué Pierre Géhanne. L’armement est présent sur la rotation entre Dieppe et Newhaven avec sa structure Transmanche Ferries. Deux navires effectuent trois traversées quotidiennes sur cette liaison. En 2009, LD Lines prévoit l’ouverture de deux nouvelles lignes. La première devrait se faire entre Dieppe et Douvres. « LD Lines prend à sa charge tous les risques de cette ligne. Nous démarrons les rotations sans aucune subvention », continue Pierre Géhanne. Un véritable pari économique que l’armateur relève. L’autre projet concerne la ligne entre Boulogne et Douvres. L’armateur Speed Ferries est aujourd’hui confronté à des difficultés financières et placé sous tutelle adminstrative. En juillet, Pierre Géhanne a rencontré la direction générale de cet armement pour lui proposer une solution qu’elle a refusée.
Le démarrage de ces lignes signifie des changements d’affectation pour les navires. Le Norman-Spirit, actuellement en ligne au Havre, partirait à Boulogne. Sur la rotation du Havre, il serait remplacé par un navire actuellement en construction dans les chantiers de Singapour. Cette unité de 1 300 passagers de capacité est adaptée au trafic havrais. « Bien entendu, nous réfléchissons à faire construire nos propres navires. » La mise en place de ces lignes se fera dans un contexte économique difficile. « Nos actionnaires connaissent le maritime. Ils savaient que la situation du transport maritime se retournerait tôt ou tard. Nous avons pu constituer des réserves financières pour continuer d’investir dans les périodes plus difficiles », indique Pierre Géhanne. Et le directeur général de LD Lines ne cache pas les premiers effets de la crise, notamment sur les trafics passagers. « Sur le fret, nous ne ressentons pas encore les effets de la crise financière ni à Dieppe ni au Havre. » C’est sur le détroit du Pas-de-Calais que se ressent le plus la crise. Malgré ces premiers déboires, Pierre Géhanne ne fait pas de mystère de son intérêt pour les liaisons courtes. « Nous avons vocation à nous intéresser au détroit », explique le directeur général mais réfute tout contact avec SeaFrance en vue d’un quelconque rachat.
Outre le transmanche, LD Lines reconnaît avoir des contacts réguliers avec l’administration française sur les autoroutes de la mer. « Nous rencontrons les responsables français régulièrement. Cela pourrait déboucher dans les prochaines semaines », indique Pierre Géhanne.