C’est ce qui ressort de diverses analyses sur la construction navale de ce pays où se trouvent les quatre premiers chantiers mondiaux: Hyundai Heavy Industries, Samsung Heavy Industries, Daewoo Shipbuilding et STX Shipbuilding.
Ainsi, selon le cabinet Goodmorning Shinhan Securities, les prix de l’acier employé pour les produits de consommation et les voitures sont menacés, mais ceux des tôles de navires devraient rester stables et même s’améliorer au cours des six prochains mois, malgré les mauvaises perspectives des chantiers. Les commandes ont diminué de 40 % en un an et environ 5 % des nouvelles commandes seront annulées par le resserrement du crédit. Toutefois, ces annulations auront peu d’impact sur la demande d’acier et les grands chantiers, dont les carnets de commandes sont remplis pour les trois prochaines années. Les prix de l’acier ont baissé de plus de 20 % depuis les records de l’été, consécutifs à la solide demande des pays émergents dont la Chine. Les sidérurgistes réduisent leurs productions pour soutenir les prix, alors que la demande des constructeurs automobiles, entreprises du bâtiment et fabricants d’accessoires s’affaiblit. Dongkuk Steel a constaté que les prix des tôles ont augmenté de 12 % en septembre, et pour la quatrième fois cette année, par suite des hausses des prix des matières premières et de la forte demande. Les chantiers sud-coréens consomment environ 13,3 Mt de tôles d’acier par an, dont la moitié est importée en raison de la capacité limitée des aciéries locales. Or, cette insuffisance et la croissance soutenue des chantiers ont resserré l’offre et poussé les prix au-dessus de 1 000 $ la tonne. Mais cette situation devrait changer, car les sidérurgistes entendent se développer. Ainsi, Hyundai Steel va investir 4,8 Md$ dans la construction de son premier haut-fourneau. Posco vise à devenir le premier fournisseur national de tôles de navires avec une production de 7 Mt d’ici à 2011. Il espère atteindre 4,7 Mt cette année, soit l’équivalent d’à peine 14 % de sa production totale d’acier. Pourtant, la demande de navires devrait diminuer, car la crise financière resserre le crédit, élimine les petits armements et chantiers et ralentit le commerce international. Le cabinet Sokje anticipe une baisse de 10-15 % en 2009, en raison du niveau élevé atteint en 2008 et des perturbations des marchés financiers, puis un rebond en 2010.
Demande contrastée
La demande de navires devrait varier selon les types. Le Baltic Exchange Dry Index a chuté de 80 % en cinq mois à 2 220 et, selon certains experts, devrait descendre jusqu’à 1 000 en 2009. En conséquence, la demande de porte-conteneurs et de vraquiers devrait connaître sa plus forte baisse, car les trafics mondiaux de marchandises, de charbon et de minerais de fer subiront de plein fouet les conséquences du ralentissement économique. En revanche, la demande de pétroliers et de plates-formes offshore devrait se maintenir grâce à la demande des pays du Moyen-Orient, moteur de la croissance de la consommation générale d’acier.
D’après le cabinet Mirae Assets, la construction navale chinoise, qui devrait augmenter sa capacité de 86 % d’ici à 2012, doit annoncer des retards pour 40 % de ses livraisons cette année par manque de main-d’œuvre qualifiée et d’équipements de base, soit 18 % de plus qu’en 2007. Cependant, les chantiers sud-coréens pourraient profiter de la dépréciation du won de plus de 50 % en un an par rapport au yuan chinois et au yen japonais. En effet, leur compétitivité devrait augmenter, car leurs coûts sont libellés en dollars.
