Place du Trocadéro, au Musée de la Marine, Géogas a réuni plus d’une centaine d’invités autour de l’exposition, « Le mystère Lapérouse ». « J’imagine ce qui a pu vous traverser l’esprit: quelle mouche a donc piqué Géogas et Boudet d’organiser cette grandiose réception au beau milieu de la pire crise financière du siècle et tout ça de surcroît pour appeler un navire du nom d’un très grand marin certes, mais qui a fait naufrage », a commencé Jacques Boudet, président de Géogas. La première réponse vient du cœur, « nous n’aimons pas faire comme les autres », a continué le président de l’armement. Surtout, l’occasion de se retrouver pour fêter les 30 ans de l’armement et l’arrivée d’un nouveau navire mérite certainement une halte dans ce lieu mythique du Musée de la Marine. Le dernier né des navires de l’armement est sorti des chantiers coréens de Hyundaï Heavy Industries, le 12 septembre. Cette unité d’une capacité de 22 500 m3 est enregistrée sous pavillon français, le Rif. Il sera déployé sur les dessertes transatlantiques. Jacques Boudet a rendu hommage aussi au « père » du Rif, Henri de Richemont, dont la femme sera la marraine du navire.
Outre l’annonce de l’arrivée de ce navire, la réunion au Musée de la Marine de Paris a permis au président de l’armement de tirer un premier bilan de la crise financière qui secoue actuellement les milieux économiques. Exercice réussi, le président de Géogas a mis en parallèle la vie de Jean-François de Lapérouse avec les événements actuels. « Il (Jean-François Lapérouse) a fait siens les risques qu’il prenait et ne cherchait pas à décharger sa responsabilité sur quiconque. Il n’existe pas de grandes réalisations sans en reconnaître et en assumer les risques. Le capitalisme, le fait d’entreprendre consistent à assumer un risque et le profit en est la rétribution », a continué Jacques Boudet. Et il voit dans la crise actuelle non pas une remise en cause des grands principes du capitalisme mais plutôt « la volonté délibérée d’ignorer les risques, de les occulter, de les noyer dans ce que l’on appelle des véhicules « structures. » La crise, ou plutôt la débâcle, est amplifiée par des traders qui ont ignoré les risques et suivi des comportements de panurge. Le second parallèle fait avec la vie du marin a permis de recentrer le débat autour du métier. « Lapérouse est très représentatif des grands talents maritimes français. Talents malheureusement souvent méconnus et peu encouragés dans un pays somme toute assez continental et très autocentré. Il y aura toujours dans ce pays une minorité d’entrepreneurs et de marins qui se consacreront à l’industrie maritime, et nous sommes fiers de maintenir cette expertise. »
Géogas c’est aussi et surtout trente ans d’activité dans le négoce et le transport maritime de GPL (Gaz de pétrole liquéfié). La société a surtout été marquée par la volonté d’entreprise de son créateur, René Boudet. Il créé Gazocéan à la fin des années cinquante. Il y développe le transport de GPL puis, au travers de Technigaz, il se lance dans l’aventure du GNL (gaz naturel liquéfié). En 1979, en raison d’un contexte peu propice, Gazocéan passe entre les mains de Gaz de France et NYK Line. Il a créé alors Géogas. D’abord spécialisé dans le négoce de GPL, la société prend rapidement le virage de l’armement. Dès son origine, le groupe se dote d’une flotte en propre. Aujourd’hui, Géogas exploite 28 navires, dont quatre navires sont en construction. Quelque dix navires appartiennent à l’armement en propre, dont le dernier-né, le Lapérouse.
Géogas, un armateur mécène
Le groupe transporte chaque année quelque 6 Mt de GPL dans le monde, le plaçant ainsi parmi les premiers opérateurs de ce produit. Sa flotte d’un âge moyen de six ans se situe parmi les plus jeune. Géogas Maritime emploie 260 marins dont 128 Européens et 56 Français. De plus, l’armateur s’est lancé dans le mécénat en parrainant l’exposition « Le mystère Lapérouse » qui a été présentée jusqu’au 20 octobre. En commandant la construction de son nouveau navire en Extrême Orient, le groupe Géogas a voulu souligner les relations entre la France et ces terres où Lapérouse laissa son nom (un détroit entre le Japon et la Russie).
René Boudet, un entrepreneur
Lors de la célébration de l’anniversaire de l’armement, le souvenir de René Boudet était présent. À l’origine de l’armement, René Boudet nous a quitté le 9 février. Il laissera derrière lui cet armement et sa volonté d’entreprendre en prenant le risque comme celui de développer le transport de GNL, « trente ans trop tôt » avec Gazocéan.